Antiquité

Écrin contesté pour l’Ara Pacis

Le Journal des Arts

Le 12 mai 2006 - 577 mots

Conçu par l’architecte Richard Meier, le nouveau Musée de l’Ara Pacis a été inauguré à Rome le 21 avril, après six ans de travaux sur fond de polémique.

ROME - Le nouveau Musée de l’Ara Pacis a ouvert ses portes le 21 avril, à Rome, avec deux ans de retard. Premier bâtiment moderne construit au centre de Rome depuis les années 1930, ce musée de marbre et de verre abrite l’autel édifié il y a deux mille ans par l’empereur Auguste. Conçu par l’architecte américain Richard Meier, l’édifice vient remplacer la construction de Vittorio Ballio Morpurgo, érigée en 1938 sous la supervision de Mussolini.
Dégagé par les archéologues du régime fasciste dans les années 1930, l’Ara pacis Augustae, ou « autel de la paix d’Auguste », célèbre la fin des guerres et des luttes de pouvoir qui ont conduit à l’effondrement du régime républicain et à l’instauration du régime impérial. Les urbanistes de Mussolini l’avaient transféré près du Tibre, au bord de la piazza Augusto Imperatore, où se trouve le mausolée d’Auguste, également dégagé dans les années 1930. La mission de l’édifice Meier poursuit les mêmes objectifs que la structure « provisoire » de Vittorio Ballio Morpurgo : protéger le vestige de toutes les menaces urbaines tels les vibrations, les pluies acides, la pollution, les pollens, la chaleur excessive en été et l’humidité. Richard Meier a imaginé un bâtiment en trois parties, comprenant entre autres un pavillon central de 700 m2, des salles d’expositions temporaires, une bibliothèque numérique, un auditorium, des bureaux et un restaurant.

« Pizzeria de Dallas »
L’inauguration du musée de Richard Meier, dont les travaux ont commencé en 2000, a été maintes fois retardée (lire l’encadré). Un vent de polémique s’est levé dès l’attribution du projet par le maire de Rome à l’architecte américain, car le choix a été réalisé directement, sans passer par l’habituel concours international d’architecture. Les membres du gouvernement italien ont marqué leur désaccord, contestant l’esthétique moderne du bâtiment, sa conception technique et le plan d’aménagement des alentours. Vittorio Sgarbi, alors sous-secrétaire d’État à la Culture, a tout bonnement qualifié le projet de « pizzeria de Dallas » et a tenté d’arrêter le projet en 2001. Le commissaire du pavillon italien de la Biennale d’architecture de Venise pour 2006, Franco Purini, a lui aussi critiqué le bâtiment : « Ce n’est pas le meilleur de Meier et il est certainement moins intéressant que son église du Jubilé à Rome [commandée par le Vatican]. Je ne pense pas que le Musée de l’Ara Pacis attire à lui seul beaucoup de touristes, et nous risquons d’avoir un bâtiment presque toujours vide », nous a-t-il déclaré. Parallèlement à l’inauguration du nouveau musée, la municipalité de Rome devrait lancer un appel d’offres pour le réaménagement de la piazza Augusto Imperatore.

L’Ara Pacis en quelques dates

- 13-9 av. J.-C. : Édification de l’Ara Pacis Augustae pour célébrer la paix durable établie par l’empereur avec l’Espagne et la Gaule. - 1568 : Neuf grands blocs de marbre blanc sont mis au jour dans les fondations du palais Peretti, rebaptisé plus tard « Fiano-Almagià ». - 1859 : L’embasement de l’édifice et quelques fragments sont dégagés du palais Fiano, puis vendus en 1898 au Musée national romain. - 1879 : L’archéologue allemand Friedrich von Duhn attribue l’ensemble de ces fragments à l’Ara Pacis. - 1903 : Les fouilles menées pour récupérer le reste des fragments sont interrompues par les infiltrations d’eau et le risque d’effondrement du palais Fiano.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°237 du 12 mai 2006, avec le titre suivant : Écrin contesté pour l’Ara Pacis

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque