Société

Des employés du Whitney Museum réclament le départ d’un trustee

Par Jérémie Glaize · lejournaldesarts.fr

Le 5 décembre 2018 - 461 mots

NEW YORK / ETATS-UNIS

Une lettre ouverte reproche à Warren B. Kanders de posséder une entreprise d’équipements militaires utilisés contre des migrants.

Près d’une centaine d’employés du Whitney Museum ont publié, vendredi 30 novembre, une lettre ouverte à l’attention de la direction du musée et visant Warren B. Kanders, trustee du Whitney Museum et vice-président de son conseil d’administration. 

Ils demandent à leur employeur de répondre aux allégations avancées par le magazine en ligne Hyperallergic, quelques jours auparavant. Ce dernier a publié un article révélant qu’à l’occasion des tentatives d’intrusions de demandeurs d’asile à la frontière américano-mexicaine, les agents de la Border Patrol ont fait usage de fumigènes et de bombes lacrymogènes contre des migrants, dont des enfants. Ces armes seraient fabriquées par les sociétés Defense Technology et Safariland, appartenant à Warren B. Kanders. 

Signée par 95 employés du musée, la lettre s’indigne de cette association entre le musée et ces événements. « A la lecture de l’article d’Hyperallergic, […] nous nous sommes sentis écœurés, nous avons fondu en larmes ».  « Certains d’entre nous se sentent profondément connectés à ces communautés qui sont la cible des gaz, à la frontière », indiquant que de « nombreux employés ressentent cette violence infligée aux migrants, bien plus personnellement que cela semble affecter la direction. Pour bon nombre d’entre nous, les communautés à la frontière sont nos communautés ». Estimant « que demeurer silencieux, c’est être complice », ils souhaitent le départ de Warren B. Kanders. 
 
Warren B. Kanders, PDG de la compagnie Safariland, acquise en 2012 pour 124 millions de dollars (109 millions d’euros), a depuis répondu, en expliquant que Safariland produit et commercialise des équipements pour des personnes qui risquent leurs vies pour la sécurité du pays. « Le rôle de la compagnie est de s’assurer que nos produits marchent, au moment voulu, quand on en a besoin. Le rôle de la compagnie n’est pas de déterminer à quel moment nos produits doivent être utilisés ni comment. La lettre semble sous-entendre que je suis responsable de la décision d’utilisation de nos produits. Je ne le suis pas »

Le directeur du Whitney Museum, Adam Weinberg, a également répondu à la lettre, en rappelant que de nombreuses expositions sont possibles grâce aux dons de donateurs comme Kanders. Il indique cependant que si « les trustees ne recrutent pas les employés, ne choisissent pas les expositions, n’organisent pas les programmes ou ne procèdent pas aux acquisitions, les employés ne nomment ou ne révoquent pas non plus les membres du conseil d’administration ». « Nous vivons des temps réellement difficiles. Les gens souffrent dans notre ville, dans notre pays, et partout dans le monde. Le Whitney ne peut cependant pas résoudre tous les maux d’un monde injuste, ce n’est pas non plus son rôle », a-t-il conclu.

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