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De nouveaux éléments en faveur de la théorie de l’assassinat du Caravage par les Chevaliers de l’Ordre de Malte

Par Doriane Lacroix Tsarantanis · lejournaldesarts.fr

Le 4 avril 2012 - 605 mots

ROME / ITALIE

ROME (ITALIE) [04.04.12] – Vincenzo Pacelli, historien de l’art et expert de Michelangelo Merisi, dit Le Caravage, avait avancé en 2010 l’hypothèse de l’assassinat de l’artiste par les Chevaliers de l’Ordre de Malte. Le professeur reprend la théorie du meurtre commis avec l’approbation tacite du Vatican, dans un ouvrage intitulé « Caravage – Entre l’Art et la Science ». PAR DORIANE LACROIX TSARANTANIS

Les circonstances de la mort du Caravage (1571-1610) demeurent assez troubles, les spécialistes ont élaboré plusieurs hypothèses. Il a ainsi été dit qu’il serait mort du paludisme sur une plage de Toscane, ou décédé sur un lit d’hôpital, ou encore assassiné par les Chevaliers de l’Ordre de Malte. La dernière version est celle que défend Vincenzo Pacelli, et qui se trouve appuyée par des documents provenant des archives secrètes du Vatican, d’après le Telegraph.

Le professeur de l’Université de Naples soutient que l’Ordre des Chevaliers de Malte aurait traqué l’artiste, lui reprochant d’avoir gravement blessé un chevalier de l’Ordre lors d’un combat, et l’aurait ainsi assassiné avant de jeter son corps à la mer, à Palo, pas loin de Civitavecchia au Nord de Rome. Le meurtre aurait été perpétré avec le consentement implicite du Vatican, compte tenu de l’offense que constituait l’attaque par Caravage d’un chevalier haut placé de l’Ordre. Des contradictions mystérieuses existeraient ainsi dans la correspondance entre le Cardinale Scipione Borghese, puissant secrétaire d’état du Vatican, et Deodato Gentile, ambassadeur de la papauté, qui situe le lieu de décès du Caravage sur l’île de Procida près de Naples, élément incohérent d’après le professeur.

Pour Vincenzo Pacelli, l’éventuelle disparition du corps pourrait expliquer l’absence de certificat de décès. Il s’oppose ainsi à la thèse du décès survenu à l'hôpital de Sainte-Marie-Auxiliatrice, des suites d’une longue maladie. Depuis 2009, Silvano Vincenti et une équipe de scientifiques s’attelaient à élucider le mystère de la mort du Caravage. Ils ont exhumé des corps d’un ossuaire à Porto Ercole (Toscane) pour effectuer des analyses ADN et au carbone 14. En juin 2010, l’équipe de scientifiques et d’universitaires italiens avait annoncé être persuadée d’avoir identifié les restes du Caravage, à 85 %. Les recherches auraient ainsi indiqué que l’artiste souffrait de nombreuses infections, telles que le paludisme, la syphilis et le saturnisme, et serait apparemment mort d’une insolation dans la région de Maremme (sud de la Toscane). Le professeur Pacelli explique que si Le Caravage était décédé à Porto Ercole, son propre frère étant prêtre, il aurait dû bénéficier d’une digne sépulture dans la paroisse de Saint-Érasme, et n’aurait pas été simplement oublié. D’autres documents viennent consolider sa thèse, tels que le témoignage du médecin et premier biographe de l’artiste, Giulio Mancini, qui mentionnait « Civitavecchia » comme lieu de décès, référence qui aurait été effacée et remplacée par « Porto Ercole », ou le compte rendu d’un archiviste italien, Francesco Bolvito, précisant vingt ans après la mort de l’artiste, qu’il aurait été assassiné.

Le Caravage a dû quitter Rome en 1606, après avoir tué un homme en duel, suite à une querelle de jeu. A Malte, le grand maitre de l’Ordre des Chevaliers, Alof de Wignacourt, lui a commandé son portrait. L’artiste sera fait chevalier en 1608, pour une période assez brève, puisqu’il est enfermé au fort San Angelo après des bagarres avec d’autres chevaliers. Il fût relâché dans des circonstances mystérieuses, et s’enfuit vers la Sicile, puis Naples. Il est décédé avant de pouvoir rejoindre Rome, où il espérait bénéficier du pardon du pape. Quatre cents ans après son décès, le Saint Siège refuse de commenter la théorie développée par Vincenzo Pacelli, que l’Ordre de Malte n’hésite pas à qualifier de « science-fiction ».

Légende photo

Le Caravage - David et Goliath - La tête de Goliath est présumé être un autoportrait du Caravage - 1610 - Huile sur toile - 125 x 101 cm - Galerie Borghèse - Rome - source Wikimedia

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