Musée - Société

Chiffres romains : le Musée Carnavalet privilégie l’accessibilité

Par Lorraine Lebrun · Le Journal des Arts

Le 6 avril 2021 - 479 mots

PARIS

Accusé d’avoir délaissé les chiffres romains au profit des chiffres arabes dans certains cartels, le musée assume son parti pris d’ouverture à tous les publics.

Dés à 10 faces pour apprendre les chiffres romains de I à X. © James Browe, 2009, CC BY 2.0
Dés à 10 faces pour apprendre les chiffres romains de I à X.
© James Browe, 2009

C’est une polémique dont les réseaux sociaux ont parfois le secret. L’indignation est venue d’Italie où la presse s’est émue de la disparition des chiffres romains au Musée d’histoire de la Ville de Paris. « On peut apercevoir des Louis 15 et des Henri 4 – ce qui pique un peu les yeux », peut-on lire, côté français, dans Le Figaro. Sur les réseaux sociaux, aux accusations de « nivellement par le bas » s’oppose l’argument de l’accessible à tous. Arrivent ensuite les correctifs : « Non, le Musée Carnavalet n’abandonne pas tous les chiffres romains, Louis XIV ne deviendra pas Louis 14 », titre finalement Franceinfo.fr.
 
Une fois le feu éteint, que reste-t-il ? L’exaspération de certains et un délicat débat dépassant les seuls murs du musée. Mais aussi, pour les équipes qui préparent la réouverture après quatre ans de travaux, la volonté d’expliquer leur démarche.  

Une médiation inclusive
Pour Noémie Giard, cheffe du service des publics, « l’important aujourd’hui, c’est d’expliquer la démarche d’accessibilité universelle ». Ses équipes se sont attachées au vaste chantier de refonte du parcours et des supports de visite, mobilisant un comité scientifique d’historiens et de spécialistes. 

« La rénovation du Musée Carnavalet est un projet collectif, porté par la directrice Valérie Guillaume, l’ancienne directrice de Paris-Musées Delphine Levy et les équipes du musée », développe Noémie Giard. Celle-ci explique que l’une des ambitions du projet, « c’est de faire visiter le musée par tout le monde, en même temps et dans un même parcours, sans séparer les publics par typologie. »
Ainsi, les cartels adaptés au jeune public côtoient des dispositifs plus classiques, mais aussi ceux destinés aux personnes en situation de handicap. « L’intérêt de ces dispositifs d’accessibilité universelle est qu’ils sont présents dans le parcours permanent, et non dans des livrets donnés à part », précise Noémie Giard.

« Sur les 170 dispositifs concernés [sur les 3 000 textes], il y a du braille pour ceux qui le lisent, des gros caractères pour les malvoyants, des textes courts et adaptés pour les personnes en situation, par exemple, de handicap psychique. » Ces derniers se conforment à la norme du Facile à lire et à comprendre (Falc, ensemble de règles appliquées dans l’Union européenne) qui préconise de ne jamais avoir recours aux chiffres romains. Mais l’immense majorité des contenus proposés est en réalité très « académique ». 

Le musée assume son choix d’écrire les siècles en chiffres arabes, argumentant que ce lieu consacré à l’histoire de la capitale doit aussi se penser pour un public international qui ne maîtrise pas toujours la numérotation romaine. « Nous nous sommes alignés sur les usages et sur ce que font déjà d’autres grands établissements », comme le Louvre ou le Rijksmuseum, à Amsterdam. « Mais pas seulement : avec la polémique d’autres musées se sont manifestés expliquant qu’ils avaient fait eux aussi ce choix depuis longtemps. » 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°564 du 2 avril 2021, avec le titre suivant : Chiffres romains : le Musée Carnavalet privilégie l’accessibilité

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