États-Unis

Budget de crise à Boston

Malcolm Rogers, directeur du Musée des beaux-arts, annonce un plan de licenciements

Par Jason Edward Kaufman · Le Journal des Arts

Le 1 juin 1995 - 561 mots

"Le Musée des beaux-arts a 125 ans : faut-il fêter son anniversaire ou organiser une veillée funèbre à son intention ?". Tel était le titre de la conférence donnée par Malcolm Rogers lorsqu’il fut nommé directeur du Boston Museum of Fine Arts, en septembre dernier. Il propose aujourd’hui de réduire son budget de 3,4 millions de dollars (17 millions de francs environ), en supprimant 83 postes sur les 480 existants et en fusionnant plusieurs départements.

BOSTON - "Je suis persuadé que nous n’avions pas d’autre alternative", a assuré le nouveau directeur du Boston Museum of Fine Arts (MFA). Les restrictions budgétaires demandées par Malcolm Rogers succèdent à celles décidées en 1991 par son prédécesseur, Alan Shestack, aujourd’hui directeur-adjoint de la National Gallery of Art de Washington.

Au cours des dix dernières années, le MFA a vacillé sous le poids d’une dette de quelque 30 millions de dollars, engagés pour la construction de l’aile Ouest, dont le coût initial avait été évalué à 22 millions de dollars. L’ouverture de l’aile conçue par Ieoh Ming Pei, en 1981, a fait augmenter la fréquentation du musée, mais le MFA a dans le même temps dû régler près de 2 millions de dollars d’intérêts par an, un fardeau vite insupportable.

Lorsqu’en 1992, le musée a lancé une campagne pour obtenir un accroissement de ses fonds, près de 50 millions de dollars ont été recueillis, en majeure partie auprès des membres du conseil d’administration. Ainsi, l’architecte Graham Gund et son épouse ont offert 3 millions de dollars pour assurer le salaire des directeurs. Autre source de financement, un accord devrait être conclu avec la Chambre de commerce et d’industrie de Nagoya, au Japon.

Conçu par Alan Shestack, ce projet prévoit que le MFA prête certaines œuvres sorties de ses réserves, pour une période de vingt ans, à un musée dont la ville de Nagoya et la préfecture d’Aichi seront les copropriétaires. L’ouverture est prévue pour le printemps 1998.

L’entrée de Pei délaissée
Mais, à Boston, un geste symbolique a d’ores et déjà eu un grand retentissement auprès du public : l’entrée principale du MFA dans Huntington Avenue, fermée depuis cinq ans, a été rouverte le 25 avril. Les visiteurs accèdent désormais aux collections par un grand escalier orné de sculptures américaines du XIXe siècle et passent sous une coupole décorée de fresques de John Singer Sargent, abandonnant l’entrée par l’aile Ouest.

De plus, le programme des manifestations à venir tient compte des goûts traditionnels des Bostoniens : l’art américain et l’Impressionnisme. Ces choix devraient permettre d’équilibrer le budget et redonner confiance aux mécènes. "Le mécénat d’entreprise est passé par une période de calme plat, mais je sens un regain d’intérêt", confie le nouveau directeur, citant en exemple l’exposition "John Singleton Copley", soutenue par la Bank of Boston et pour laquelle le Boston Globe a offert des espaces publicitaires, ou l’exposition "Winslow Homer", dont la campagne publicitaire sera prise en charge par la Bay Bank, qui offre de surcroît 250 000 dollars (1,2 million de francs).

"John Singleton Copley en Amérique" (7 juin-27 août), organisée avec le Metropolitan de New York ; "Impressions de France : Monet, Renoir, Pissarro et leurs rivaux" (4 octobre-14 janvier 1996), en collaboration avec la Hayward Gallery de Londres ; "Winslow Homer" (21 février-26 mai 1996) et "Les premières années de Picasso" (octobre 1996), en collaboration avec la National Gallery of Art de Washington.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Budget de crise à Boston

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