Suisse - Expertise

Bras de fer sur l’authenticité d’un Gauguin

Par Quentin Humblot · lejournaldesarts.fr

Le 30 octobre 2025 - 404 mots

L’amateur d’art Fabrice Fourmanoir et le Kunstmuseum de Bâle ne s’accordent pas sur l’authenticité d’un autoportrait de Gauguin.

Paul Gauguin (1848-1903), Portrait de l’artiste par lui-même, 1903, huile sur toile, 41 x 23 cm. © Kunstmuseum Basel, CC BY-SA 4.0
Paul Gauguin (1848-1903), Portrait de l’artiste par lui-même, 1903, huile sur toile, 41 x 23 cm.
© Kunstmuseum Basel

En mars 2025, l’amateur d’art Fabrice Fourmanoir remettait en cause l’authenticité d’un tableau de Paul Gauguin dans un message envoyé au Kunstmuseum de Bâle. Après sept mois d’analyses et de recherches, le musée vient de confirmer que le Portrait de l’artiste par lui-même, datant de 1903, était authentique.

La thèse de Fourmanoir est que tous les tableaux de Gauguin datant de 1903 sont faux, le peintre étant malade au point de décéder le 8 mai 1903. Pour lui, ce tableau est un faux pour plusieurs raisons : les yeux sur le tableau sont bleus alors que le peintre avait les yeux marrons, absence de signature ou de date, absence de provenance sûre. Enfin, il invoque une lettre de Gauguin de février 1903 disant qu’il n’avait pas peint depuis trois mois pour cause de sa maladie, ainsi que les propos du fils de Ky-Dong (de son vrai nom Nguyen Van Cam), dans les années 1980, infirmier et dernier ami de l’artiste, qui aurait reçu le tableau au moment de sa mort, disant que Ky-Dong aurait fait de faux tableaux.

Paul Gauguin (1848-1903), Portrait de l’artiste par lui-même, 1903, huile sur toile, 41 x 23 cm. © Kunstmuseum Basel, CC BY-SA 4.0
Paul Gauguin (1848-1903), Portrait de l’artiste par lui-même, 1903, huile sur toile, 41 x 23 cm.
© Kunstmuseum Basel

Le musée bâlois a décidé de mener une recherche complète sur le tableau, appliquant une méthodologie multiple. Le tableau a passé des tests UV, réflectographiques et radiographiques, qui ont permis de découvrir qu’il avait été retouché ultérieurement sur le visage. Des analyses chimiques, comparées à celles d’autres tableaux de Gauguin, ont permis de trouver des corrélations sur l’ensemble de la peinture et de la technique, à l’exception des retouches. Ces dernières ont été faites au blanc de titane, disponible seulement après 1918, ce qui date les retouches entre 1918 et 1924. Le comité Gauguin de l’Institut Wildenstein Plattner à Paris a confirmé l'authenticité du tableau qui a peut-être été réalisé avec l'aide de Ky-Dong.

Le tableau aurait été donné par Ky-Dong vers 1905 à un marchand suisse avant d’être possédé vers 1923 par la famille Ormond. Le tableau est entré par donation dans les collections du musée en 1945.

Mais Fourmanoir reste sur sa position et pense qu’il s’agit d’un faux produit par Ky-Dong après la mort de Gauguin, à partir d’une ébauche que l’infirmier avait faite. Il aurait pu utiliser les matériaux du peintre et l’avoir achevée vers 1918, se basant sur le fait qu’il n’y a aucune preuve que le tableau a été peint en 1903 par Gauguin.

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