COURTRAI / BELGIQUE
La Ville se dote d’un musée installé dans les murs d’une ancienne abbaye.

Courtrai (Belgique). Depuis la fermeture du Broelmuseum en 2015, la ville de Courtrai ne disposait plus d’un lieu d’exposition pour présenter notamment la collection municipale qui rassemble la plus importante collection de céramiques de Flandre, des peintures de maîtres anciens et modernes ainsi qu’un mélange éclectique d’objets d’intérieur, de découvertes archéologiques et d’art populaire. Installé dans les bâtiments de l’ancienne abbaye de Groeninghe, le nouveau musée se veut une institution inscrite dans son temps, ouverte et plurielle.
La première décision a été de se passer de collection permanente. Une sélection d’œuvres, issues de la collection communale, intègre désormais les expositions en dialogue avec des œuvres d’art contemporain prêtées. Au fil de ses expositions, Abby Kortrijk s’est donné pour mission d’explorer comment l’art et le patrimoine peuvent refléter, interroger et construire l’identité de chacune et de chacun.
Les bureaux d’architecture Barozzi-Veiga et TAB Architects ont choisi de conserver les bâtiments anciens en leur adjoignant un pavillon contemporain par lequel se fait l’entrée. Les deux nouvelles salles ont été creusées en sous-sol. L’entrée se fait par un café-salle à manger aux murs d’un rouge profond avec un bar tourné vers le public et une longue table rappelant la table commune des Clarisses. Au plafond pend une belle dentelle noire de Élodie Antoine (née en 1978) qui rend hommage aux activités d’accueil et de soin des sœurs.
La volonté d’ouverture du musée transparaît dans l’espace baptisé « Salon ». Le premier des artistes à l’investir est Rinus Van de Velde (né en 1983) avec une installation entièrement composée de meubles et d’accessoires en carton où le public peut s’asseoir et où diverses activités sont organisées. Dans un mur-vitrine, il a sélectionné différents objets de la collection de la ville – assiettes, objets, peintures anciennes ou cheval à bascule – complétés par un texte manuscrit aux épaisses lettres noires.
L’exposition inaugurale « F**klore. Reinventing Tradition » rassemble artistes d’hier et d’aujourd’hui autour des rites et pratiques qui façonnent l’identité d’une population : la nourriture avec le spéculoos de Ignace Cami ou le cheval que Patrick Van Caeckenbergh a assemblé à partir d’éléments de la cuisine, table, légumes en bocal, couverts, assiettes. Maarten Vanden Eynde (né en 1977) s’essaie à la dentelle, mais pour tisser des bombes atomiques, Jef Geys (1934-2018) retrace les débuts d’un malchanceux coureur cycliste de village. Dans un curieux travail vidéo, Filip Van Dingenen (né en 1975) et David Shongo (né en 1994) se sont intéressés aux traditionnels concours de chants de pinson où, face à des cages vides, les spectateurs sont invités à écouter et noter les enregistrements de chants d’oiseaux comme les toussotements et les bruits d’ambiance dans la salle. Dans la seconde salle, les toiles du quotidien de Gus De Smet (1877-1943), Jean Brusselsmans (1884-1953) ou Edgar Tydgat (1879-1957) dialoguent avec les œuvres d’artistes belges contemporains.
Sans tape à l’œil, mais avec un sens de l’espace et de l’accueil, l’ancienne abbaye semble avoir réussi son passage du silence et de l’introspection au partage de la culture.
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Abby Kortrijk, un nouveau musée à Courtrai
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°654 du 25 avril 2025, avec le titre suivant : Abby Kortrijk, un nouveau musée à Courtrai







