Une nouvelle ère

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 16 décembre 2005 - 348 mots

La politique d’expansion lancée dans les années 1990 par la Fondation Guggenheim de New York semble prendre une nouvelle tournure en ce début de XXIe siècle. Devant l’attrait de nouveaux revenus, le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg a ouvert en 2000 à Londres, au sein de Somerset House, des salles labellisées « Ermitage », puis, en 2001, en collaboration avec le Guggenheim, un lieu d’exposition dans un casino de Las Vegas, avant de créer une antenne à Amsterdam en 2004. Enfin, le 23 août 2005 a été inauguré l’« Ermitage-Kazan » dans la République du Tatarstan, entérinant un accord entre le musée de Saint-Pétersbourg et le Musée-parc historique et architectural du Kremlin à Kazan. Face à ces initiatives, le Louvre, indépendamment de son antenne à Lens (Pas-de-Calais), s’est lancé dans l’aventure du « Louvre Atlanta », laquelle débutera à l’automne 2006.
Déjà engagé dans son projet de Metz, dont l’ouverture, reportée d’un an, est aujourd’hui prévue en 2008, le Centre Pompidou semble actuellement mettre les bouchées doubles. Il est candidat pour au moins deux projets de musée en Asie, à Hongkong et à Singapour. Depuis deux ans, « Centre Pompidou » est d’ailleurs une marque déposée, comme n’importe quel nom de yaourt ou de lessive. Certes, l’institution devait se battre avec une multitude de sites Internet qui usurpaient son nom, mais derrière cet acte se lit la volonté d’initier une nouvelle ère de son histoire. Le Centre Pompidou n’est plus seulement l’un des lieux d’exposition parisiens les plus prestigieux, il correspond désormais à un label de qualité exportable. La notion de service public attachée à tout musée en France prend alors une tout autre dimension. Dans l’esprit de Bruno Racine, son président, le Centre doit devenir un ambassadeur de la culture française à l’étranger comme l’est le Guggenheim de Bilbao pour l’art américain. Sans doute s’agit-il de faire contrepoids à cette volonté d’hégémonie culturelle, un paradoxe pour le Centre Pompidou dont on déplore souvent le manque d’audace pour la défense de la scène française dans sa programmation parisienne. Mais c’est connu, nul n’est prophète dans son propre pays.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°227 du 16 décembre 2005, avec le titre suivant : Une nouvelle ère

Tous les articles dans Opinion

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque