Éditorial

Sac de Rome

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 26 mars 2008 - 352 mots

Les observateurs s’attendaient à des remous après les élections municipales des 9 et 16 mars. Ils n’ont pas été déçus, même s’ils ont pu être surpris de la tournure prise par les événements. À mesure que le Premier ministre François Fillon militait d’entretiens en entretiens pour la stabilité gouvernementale, la perspective du départ de Christine Albanel du ministère de la Culture s’éloignait avec celle d’un remaniement d’envergure. Disposant désormais de temps, la locataire de la Rue de Valois va pouvoir peaufiner ses annonces sur le marché de l’art que les professionnels attendent avec impatience depuis la remise du rapport Bethenod, le 3 mars. Il faudra pourtant encore patienter jusqu’aux premières semaines d’avril pour connaître l’étendue des réformes à venir. La surprise est venue de l’Élysée d’où, par un communiqué adressé à l’AFP, le conseiller Georges-Marc Benamou a annoncé sa nomination future à la tête de l’Académie de France à Rome. Cette prise de position précipitée est particulièrement cavalière, sinon plus, le décret du 21 décembre 1971 qui régit la Villa
Médicis étant clair : son article 8 dispose, en effet, que « le directeur de l’Académie de France à Rome est nommé par décret, sur proposition du ministre des Affaires culturelles ». Mais on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, semble nous dire l’ex-conseiller, quitte à emprunter des méthodes dignes des républiques bananières ! Les protestations n’ont pas tardé, à commencer par celle d’Olivier Poivre d’Arvor, le directeur de CulturesFrance, briguant lui-même ce poste, mais aussi d’une trentaine d’acteurs du monde culturel, de Jane Birkin à Sophie Calle en passant par Pascal Dusapin, Giuseppe Penone ou Alain Finkielkraut, cosignataires d’un texte paru dans Le Monde le 22 mars. Et de rappeler qu’« en date du 6 avril 2007, Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidence, émettait le souhait dans son projet que “les nominations aux fonctions les plus importantes de l’État se fassent sur des critères de compétences et de hauteur de vue, et non sur des critères de proximité avec le pouvoir politique en place” ». Avant d’« appel[er] simplement à l’application de cette belle idée de transparence ».

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°278 du 28 mars 2008, avec le titre suivant : Sac de Rome

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