« Period rooms » et « total look »

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 8 septembre 2006 - 340 mots

En cette rentrée, les arts décoratifs créent l’événement à Paris. Après plus de dix ans de travaux et pas moins de quatre équipes d’architectes – Oscar Tusquets & Bruno Moinard, Sylvain Dubuisson, Bernard Desmoulin, Daniel Kahane – mises à contribution, le Musée des arts décoratifs rouvre ses portes dans le palais du Louvre. Ce chantier gigantesque, qui a donné au bâtiment une seconde jeunesse, va enfin permettre de redécouvrir cette collection exceptionnelle d’objets du quotidien, du Moyen Âge à nos jours. Uniques en Europe, dix period rooms, supervisées par le décorateur François-Joseph Graf, proposent de s’immiscer dans des intérieurs recréés à l’identique, à l’exemple d’une chambre à coucher du XVe siècle, du cabinet doré de l’hôtel de Rochegude à Avignon (1725), d’une chambre à coucher Louis-Philippe ou encore de l’appartement de Jeanne Lanvin par Armand Albert Rateau (1922-1925)… Ces ensembles, à la vocation pédagogique indéniable, jouent sur une fibre archéologique qui a inspiré des générations de collectionneurs à la recherche du « total look ».
Cette tendance ne semble pourtant plus avoir vraiment le vent en poupe parmi les amateurs les plus actifs sur le marché de l’art. Même si elle est encore timide, une évolution des stands sur la Biennale des antiquaires se fait jour au profit d’un mélange des styles et des époques. La raréfaction des pièces d’exception sur le marché et la montée en puissance des prix, et donc des profits, dans le XXe siècle n’y sont pas étrangers. Mais il s’agit aussi de répondre aux attentes de clients de plus en plus séduits par une veine défendue depuis longtemps par des marchands comme le Belge Axel Vervoordt. Cette mode naissante n’est pas sans avantages pour des antiquaires qui doivent faire face à une accélération du marché au moment où le renouvellement de leur stock de pièces anciennes devient de plus en plus difficile. Il offre aussi sûrement à la Biennale de nouvelles perspectives alors que de nombreux acteurs se déclarent favorables à l’annualisation de la manifestation. Les prochaines semaines devraient se révéler cruciales à ce sujet.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°242 du 8 septembre 2006, avec le titre suivant : « Period rooms » et « total look »

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