Editorial

Paris Janus

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2017 - 347 mots

Jean qui pleure et Jean qui rit. Tel est le visage de Paris en 2016. D’un côté une fréquentation qui plonge dans les grands musées parisiens, de l’autre un marché de l’art qui garde largement la tête hors de l’eau. La culture s’enfonce dans la morosité et le business fait la fête. Et 2016 confirme la situation de 2015, semblant dessiner une dynamique négative. Ce raccourci donne-t-il un reflet exact de la situation ? Pas si simple.

Selon les données communiquées par quelques grands établissements (le Louvre, Fontainebleau), la fréquentation des visiteurs français se maintient peu ou prou, ce sont les touristes étrangers qui font défaut. Les petits et moyens musées, moins exposés à la baisse du tourisme, résistent. Dans un autre registre, celui du spectacle vivant, les théâtres de la capitale ont enregistré une hausse de leur fréquentation de 3 % au premier semestre. Les entrées dans les cinémas en France ont aussi progressé de 3,6 % sur toute l’année, atteignant le deuxième plus haut niveau depuis cinquante ans. La culture est donc loin d’avoir sombré.

De leur côté, les ventes aux enchères ne sont pas aussi euphoriques qu’il y paraît. La hausse du produit d’adjudication des 10 premiers opérateurs repose en grande partie sur un seul lot, un Cachet impérial chinois vendu 21 millions d’euros à un anonyme, sans doute chinois, chez Pierre Bergé et associés, et pour lequel on ignore s’il sera payé. On se souvient des deux bronzes chinois adjugés 31 millions d’euros lors de la vente « Saint Laurent-Bergé » en 2009 et que le collectionneur – chinois – n’avait pu régler. Le chiffre d’affaires des 70 commissaires-priseurs parisiens qui opèrent à Drouot, chiffre qui reflète le segment moyen des ventes, a lui baissé de 1,3 %. Au fond, ce qu’il faut retenir de cette année 2016, c’est le poids décisif des étrangers à la fois dans la fréquentation des équipements culturels patrimoniaux et dans le marché de l’art français où l’on peut intervenir sans se déplacer. S’il fallait encore le démontrer, la France est bel et bien dépendante de la mondialisation.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°471 du 20 janvier 2017, avec le titre suivant : Paris Janus

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