Les silences d’Hantaï

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 17 septembre 2008 - 323 mots

En 1982, Simon Hantaï « avait quitté la scène sans prononcer un mot ». L’artiste n’avait rompu son long silence qu’en 1998, avec notamment une exposition présentée à RENN Espace, à Paris, et conçue par Alfred Pacquement. Le peintre s’en est allé le 12 septembre.
Né en Hongrie en 1922, Simon Hantaï débarque à Paris en 1948, à l’appel du surréalisme. Sa première exposition, à la galerie l’Étoile scellée, en 1953, sera préfacée par André Breton. Mais l’artiste rompt en 1955 avec le pape du mouvement en découvrant l’œuvre de Jackson Pollock, qui se révélera décisive pour sa démarche. Il s’engage alors dans la voie d’une peinture plus abstraite, plus gestuelle, qu’il expose en 1957 avec Georges Mathieu. Cependant, la scène parisienne et ses débats le fatiguent et il s’installe en 1960 à Meun, dans la région de Fontainebleau. Il y développe une peinture à l’aveugle, née de pliages, la toile étant froissée, repliée, peinte et repeinte. Parfois, c’est la surface laissée vierge qui devient plus importante que celle colorée, comme dans la série des « Blancs » réalisée en 1973 et 1974. Toujours l’artiste s’en remet au hasard des contacts, des impressions de la couleur, du jeu de la toile brute et du pigment. En 1981, Simon Hantaï expose au CAPC à Bordeaux avant de représenter la France à la Biennale de Venise en 1982. Tout le conduit vers une grande reconnaissance internationale. Mais, ne supportant pas les exigences du marché, il se retire. L’un des testaments du peintre.
Daniel Buren a écrit à son égard dans ses Propos délibérés (1991) : « Je n’en vois aucun autre qui ait cette stature en France […]. Pour le comparer aux vivants, aux artistes de sa génération, il devrait bénéficier d’une notoriété égale à celle d’artistes comme Twombly ou Jasper Johns. » Une évidence qui doit, tout comme les prises de position d’Hantaï, alimenter notre réflexion sur le développement de la scène française aujourd’hui.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°287 du 19 septembre 2008, avec le titre suivant : Les silences d’Hantaï

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