Éditorial

Lens et Bilbao (suite et fin)

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2019 - 370 mots

Développement territorial. Depuis la célébration des 5 ans du Louvre-Lens en 2017, qui fut l’occasion de faire un bilan des retombées économiques, on sait qu’il n’y a pas eu d’« effet Bilbao » à Lens, et ce pour la bonne raison que les modèles sont différents.

Les indications chiffrées fournies par Euralens, l’association qui fédère toutes les bonnes volontés locales, ne sont pas nombreux et pour cause : les effets sont encore sectorisés. Outre les emplois directs (une centaine), l’antenne du Louvre aurait surtout permis la création d’environ 600 emplois essentiellement dans le tourisme, grâce à un apport annuel évalué à près de 20 millions d’euros.

Il ne peut pas y avoir d’effet Guggenheim à Bilbao (pour être plus précis), car les situations ne sont pas comparables. La capitale basque espagnole, dix fois plus peuplée que l’ancienne cité minière, avait déjà amorcé sa revitalisation lors de l’ouverture de la franchise américaine. De plus, par son patrimoine, son offre culturelle et sa géographie, Bilbao est une ville beaucoup plus attractive et riche que Lens. Cela ne veut pas dire qu’il ne se passe rien. Le milliard et demi d’argent public investi dans le territoire lensois commence à le transformer. Ce sera plus long que prévu, mais la dynamique est enclenchée et le déclencheur a été précisément le Louvre-Lens.

Le conseil d’administration de l’établissement public a pris conscience de la situation et, plutôt que de se lancer dans une programmation d’expositions dites « blockbusters », coûteuse et probablement peu rentable, il préfère jouer la carte du microdéveloppement et surtout de la démocratisation culturelle. Derrière cette expression un peu galvaudée et fourre-tout, il faut entendre un accueil personnalisé, une offre accessible, une médiation véritablement adaptée et surtout une bienveillance de tous les instants. En somme une approche par le bas plutôt qu’un ruissellement économique par le haut, lequel est pertinent à Bilbao mais pas à Lens.

Et l’arrivée des réserves du Louvre à Liévin ne peut qu’apporter plus de fierté à des habitants marqués par les destructions de la guerre et la fermeture des mines de charbon en 1960. Lorsqu’ils prendront le TGV pour Liévin, les conservateurs du Louvre mettront certes un peu plus de temps pour se déplacer, mais ils auront la satisfaction d’aider les Lensois.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°529 du 20 septembre 2019, avec le titre suivant : Lens et Bilbao (suite et fin)

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