Le village planétaire

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 20 avril 2009 - 408 mots

Les bilans présentent toujours l’intérêt de mesurer le chemin parcouru. Le Journal des Arts, qui célèbre ses 15 ans, et cette livraison de L’œil éclairent, chacun à sa façon, les changements intervenus au cours de ces dernières années : dans l’art pour le premier et dans les ventes aux enchères pour le second (lire notre grande enquête). À leur lecture, un constat s’impose très vite : l’art et son marché n’ont évidemment pas échappé aux grands bouleversements que sont la mondialisation et la révolution numérique.

Aujourd’hui, partout dans le monde, musées, foires et biennales se ressemblent. La circulation des œuvres d’art, bien antérieure à la mondialisation, permet de présenter un peu de toutes les époques et de toutes les régions dans les grands musées, y compris ceux qui se bâtissent dans les pays du Golfe ou à Séoul (lire le « Partir à… » de ce mois-ci). Les modes d’accrochage sont à peu près les mêmes, le concept du white cube s’est notamment imposé pour l’art contemporain. Les marques de musées s’exportent : Guggenheim, Le Louvre, L’Ermitage. Les collectionneurs fortunés vont de biennales en foires dans leurs jets privés. Musées et salons s’échangent les curators, une profession nouvelle, comme des entraîneurs sportifs. Les pays à l’identité culturelle forte que sont la Chine et les pays de l’Est ont calqué leur politique culturelle sur l’Occident et produisent un art contemporain très international. Tout cela ressort bien dans le numéro 300 du Journal des Arts.

Ce numéro de L’œil, lui, se penche sur les effets de la réforme des commissaires-priseurs en 2000. Ici aussi la mondialisation économique est à l’œuvre. Dès l’ouverture du marché, les deux maisons de ventes anglo-saxonnes qui contrôlent plus de 70 % du marché à l’échelle mondiale se sont installées en France. Elles détiennent aujourd’hui 30 % des ventes volontaires. Et ce n’est pas fini.

La révolution numérique et Internet ont eux aussi atteint l’art et son marché, mais à un degré sans doute moindre. Bien sûr tous les lieux culturels ont leur site sur la Toile, des bases de données se constituent, l’information sur l’art devient quotidienne (artclair.com), les enchères de biens culturels sur Internet commencent à émerger (eBay). Mais il manque encore une application réellement nouvelle, comme le sont dans leur domaine Facebook, Google ou YouTube, pour que le Net apporte à l’art ce qui est son défi majeur : toucher le plus grand nombre, à commencer par les jeunes et les catégories modestes.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°613 du 1 mai 2009, avec le titre suivant : Le village planétaire

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