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Courrier

Le Musée de Montmartre

Par Saskia Ooms · Le Journal des Arts

Le 31 décembre 2014 - 391 mots

PARIS

Le Musée de Montmartre, plus kitsch que scientifique, dépasse l’anachronisme pour sombrer dans le grotesque !

Le Journal des Arts s’étrangle d’indignation devant le train électrique et le nounours posé sur le lit « d’enfant » de Maurice Utrillo, au point de négliger les vraies provocations des œuvres rassemblées pour l’exposition inaugurale sur « l’esprit de Montmartre ».

La reconstitution de l’appartement de Suzanne Valadon et de son fils, Maurice Utrillo, s’appuie sur une analyse approfondie des photographies des lieux datant de 1920. Cette analyse a été complétée par l’étude de toute l’œuvre de Suzanne Valadon qui intégrait dans ces tableaux des nombreux éléments de son décor.

Par ailleurs des recherches ont été faites sur les écrits concernant Suzanne Valadon et Maurice Utrillo. Parmi ceux-ci, l’écrivain et critique d’art Adolphe Tabarant nous précise dans son Utrillo, Bernheim-Jeune, Paris, 1926 : « Il ressort le 25 août 1921 de l’hôpital Sainte-Anne et rentre 12, rue Cortot. Il se terre, il se cache enseveli dans le silence de sa chambre, où ce grand enfant se plaisait à jouer comme un tout petit avec un ours en peluche et avec son chemin de fer mécanique ». Maurice Utrillo a alors 37 ans. Alors oui nous revendiquons ce petit train, mécanique et non électrique, et cet ours en peluche !

La reconstitution de l’appartement de Suzanne Valadon et Maurice Utrillo n’est qu’un aspect du Musée de Montmartre. Cet ensemble de maisons du XVIIe siècle entourées de jardins est maintenant voué à l’histoire et aux artistes montmartrois.

Le Journal des Arts dit de notre exposition inaugurale « L’Esprit de Montmartre et l’art moderne 1875-1910 » qu’elle « ratisse large ». Faut-il le prendre comme un compliment ? Je dois préciser que l’exposition invite à découvrir la philosophie radicale et contestataire des artistes montmartrois au tournant du XXe siècle. Mettant à l’honneur les Arts Incohérents, les Hydropathes, le Fumisme ou encore le cabaret des Quat’z’Arts et la Vachalcade, elle montre l’importance de Montmartre en tant que centre de l’avant-garde artistique. Deux cents pièces d’archives et 150 œuvres, issues de la collection du musée, mais également de collections publiques et privées, présentent au visiteur les moyens d’expression des artistes de l’époque (satire, caricature), leurs médias de prédilection (tableaux, affiches, illustrations, chansons), et leurs lieux d’expression favoris (cabarets, cirque).

Saskia Ooms, Responsable de la conservation du Musée de Montmartre

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°426 du 2 janvier 2015, avec le titre suivant : Le Musée de Montmartre

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