L’arme fiscale

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 9 avril 2013 - 326 mots

Il est difficile de ne pas corréler la baisse régulière du poids de la France dans le marché mondial de l’art avec l’augmentation continue de sa fiscalité. L’Hexagone pratique en effet les taux les plus élevés dans la plupart des catégories. Cela concerne les taux spécifiques du marché de l’art comme la TVA à l’importation : 7 % en France (et 10 % l’an prochain) contre 5 % au Royaume-Uni et 0 % aux États-Unis ou à Hongkong, nos concurrents habituels. Mais cela concerne aussi l’imposition générale. Un collectionneur est d’abord un particulier qui paye des impôts sur ses revenus ou des taxes sur les plus-values de cession de ses biens mobiliers, tandis qu’un marchand d’art est aussi un chef d’entreprise qui s’acquitte de l’impôt sur les sociétés (IS). En entraînant le départ de quelques fortunés à l’étranger et la baisse du pouvoir d’achat et donc du budget alloué à l’acquisition des œuvres d’art, l’alourdissement de la fiscalité et les menaces répétées d’assujettissement des objets d’art à l’ISF ont contribué à la baisse du marché intérieur. Quid des exportations qui se portent apparemment plutôt bien si l’on en croit les chiffres officieux des maisons de ventes et de quelques grands marchands ? Malheureusement ces ventes intéressent surtout les objets anciens, car les collectionneurs américains et chinois ne se précipitent pas encore pour acheter nos artistes contemporains. De sorte que la France ressemble à ces pays du tiers monde qui exportent leurs richesses naturelles (nos tableaux et mobiliers anciens), parfois en transitant par des ports francs ou des paradis fiscaux, donc sans créer de valeur ajoutée économique ou générer de revenus fiscaux. Pour tenir son rang de puissance mondiale, notre pays devrait faire l’inverse, garder son patrimoine et vendre à l’étranger ses nouvelles créations, qui sont plus susceptibles de créer des emplois. C’est ce qui explique qu’il y ait si peu de galeristes français installés à New York, Londres ou Hongkong. En tout cas moins qu’à Bruxelles

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°389 du 12 avril 2013, avec le titre suivant : L’arme fiscale

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