Fleur Pellerin, An I

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 1 septembre 2015 - 333 mots

L’agenda automnal de Fleur Pellerin lui offre l’opportunité d’imprimer enfin sa marque au ministère de la Culture. Encore faut-il qu’elle trouve le ton juste. Jusqu’ici le bilan de sa première année Rue de Valois n’est pas flamboyant. Polarisée par les dossiers audiovisuels (grève à Radio France, remplacement du président de France Télévision, économie du cinéma menacée par la réforme européenne du droit d’auteur), elle n’a guère eu le temps ou le goût d’incarner la défense du patrimoine et la promotion de la création. Handicapée par une image très « techno », peu préparée à la fonction, elle a mal géré l’affaire Agnès Saal et elle traîne comme un boulet la bourde sur ses lectures. Elle a bien tenté de couvrir la petite musique qui ne cesse de monter sur la baisse des subventions des collectivités locales à la Culture, par la mise en place de 35 Pactes culturels avec les Villes, mais cela est passé quasiment inaperçu, comme ses assises sur la création.

Deux rendez-vous importants pourraient donc lui permettre de s’affirmer auprès de l’opinion et des acteurs de la culture. D’abord la présentation du budget 2016, dont on sait qu’il va augmenter sans en connaître l’ampleur. Mais la ministre devra batailler avec Manuel Valls et François Hollande qui comptent bien eux aussi tirer un petit bénéfice d’image de cette hausse. Deuxième rendez-vous : le passage au Parlement de la loi création et patrimoine, largement préparée par Aurélie Filippetti. Là c’est l’inverse, elle risque de se retrouver bien seule si cela tourne mal avec les députés. Autre difficulté : comment intéresser le public à des dispositions souvent pertinentes, mais très techniques ?

Dans le même temps, la ministre semble beaucoup miser sur la Villa Médicis à Clichy-Montfermeil qu’elle a relancée avec détermination. C’est un projet courageux qui a cependant le triple inconvénient d’être très local, d’être perçu avant tout comme un outil de réhabilitation d’un quartier plus que comme un projet culturel et de ne voir le jour qu’après la présidentielle de 2017.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°440 du 4 septembre 2015, avec le titre suivant : Fleur Pellerin, An I

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