Commande publique

Éditorial

Des mondes pas si nouveaux

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 12 novembre 2021 - 394 mots

FRANCE

Emmanuel Macron veut appliquer la même méthode à son programme de commande publique (qui aura mis dix-huit mois à voir le jour) que celle qui a si bien réussi à l’opération patrimoniale de Stéphane Bern : le feuilletonnage et la dissémination territoriale.

Le Mont Blanc © Florian Pépellin, 2019, CC BY-SA 4.0
L'artiste Florent Meng envisage une création sur le site du Mont Blanc, il s'agit d'un des 264 projets à l'étude pour l'initiative « Mondes Nouveaux ».
Photo Florian Pépellin, 2019

264 projets ont ainsi été retenus dont 29 % concernent les arts pastiques seuls et 26 % sont interdisciplinaires, au terme d’un appel à manifestation d’intérêt qui a attiré 3 200 candidats alléchés par l’enveloppe promise (30 millions d’euros). Les 85 collectifs et 179 artistes, compositeurs, designers ou écrivains sélectionnés ont maintenant trois mois pour se mettre d’accord avec un lieu d’accueil, préférablement un des 100 lieux gérés par le Centre des monuments nationaux ou des 750 sites protégés par le Conservatoire du littoral. Ce n’est qu’au terme de cette phase de discussion (rémunérée entre 3 000 et 10 000 euros) que la commande sera finalisée : format définitif du « livrable », budget, temps de réalisation. Une démarche très consensuelle comme l’est la décision de ne pas imposer de limite d’âge aux candidats (Etel Adnan, 96, ans a ainsi été retenue). Ce qui n’empêche pas que 60 % des bénéficiaires ont moins de 40 ans.

La médiatisation sera-t-elle la même que celle de la Mission Stéphane Bern, dont chaque édifice restauré est abondamment couvert par la presse régionale et nationale, et ce chaque année ? Pas sûr. La création d’une sculpture d’art contemporain, d’une composition musicale ou d’un texte littéraire n’a pas le même retentissement dans l’opinion publique que la restauration d’une église. Et l’ex-directeur du Musée national d’art moderne Bernard Blistène, qui préside le comité pompeusement intitulé « Mondes nouveaux », n’a pas la notoriété ni le « parler cash » de l’animateur de télévision.

Ce qui est certain en revanche, et qui n’est pas sans poser question sur la méthode, c’est la mise à l’écart, dans les deux cas, du ministère de la Culture et de ses opérateurs sectoriels, parmi lesquels le Centre national des arts plastiques (Cnap). On connaît l’impatience du président à l’égard de l’Administration (on ne peut pas lui donner tort ici), mais enfin, ce n’est pas la meilleure façon de motiver ladite administration. Par ailleurs, ce fonctionnement en start-up se révèle très coûteux : sur les 30 millions d’euros affectés aux « Mondes nouveaux », cinq seront dépensés pour l’activité du comité et le suivi des projets. Un tel ratio (près de 17 %) a un côté très ancien monde.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°577 du 12 novembre 2021, avec le titre suivant : Des mondes pas si nouveaux

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