Intelligence artificielle (IA)

Dall-E est-il le prochain Dalí ?

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 20 février 2023 - 368 mots

La médiatisation récente aussi soudaine que massive (du moins en France) de « ChatGPT », un outil d’intelligence artificielle (IA) qui génère du contenu en réponse à une question, a permis de mettre en lumière un autre logiciel d’IA, également développé par OpenAI : « Dall-E ».

Image générée par Dall-E : Salvador Dalí créant une image sur un ordinateur. © OpenAI
Image générée par Dall-E : « Salvador Dalí créant une image sur un ordinateur ».
© OpenAI

Le logiciel Dall-E produit des images à partir d’une description textuelle en mettant en jeu trois technologies complexes : la compréhension sémantique d’une instruction, la production d’une image pertinente à partir d’une base constituée de millions d’images légendées, sa transformation en une illustration réaliste voire « artistique ».

La plus récente version, Dall·E 2, mise en ligne l’an dernier, a progressé sur ces trois domaines au point que l’on peut maintenant envisager des usages professionnels du logiciel. Déjà des illustrateurs s’inquiètent de ce que les entreprises, à commencer par les éditeurs, puissent utiliser ces outils (Dall-E et ses concurrents) pour illustrer un article, une couverture de livre, une plaquette publicitaire. Le magazine américain Cosmopolitan a ainsi fait sa « une » en juin 2022 avec une image fournie « en vingt secondes » par Dall-E. On voit aussi apparaître des sites de vente en ligne d’images produites par IA aux étonnantes qualités techniques et imaginatives, comparables à bien des égards à la production humaine courante dans l’art digital (associé ou non à un NFT) ou le street art.

La grande question posée par cet outil est la valeur artistique de ces images, ce qui renvoie à cette interrogation : qu’est-ce que l’art ? Sur le plan juridique, les choses sont claires pour l’instant : puisqu’il n’y a pas d’auteur humain, ou que l’œuvre ne porte pas l’empreinte personnelle d’un artiste, elles ne peuvent être protégées au titre de la propriété littéraire et artistique.

Il est évidemment facile aujourd’hui de traquer les fautes ou les biais des textes générés par ChatGPT ou de s’amuser des « créations » de Dall-E, mais il faut se rappeler qu’on se moquait d’Internet à ses débuts. La technologie, surtout si elle est financée à coups de milliards de dollars (Microsoft va apporter 10 milliards à OpenAI), progresse très vite. Et comme Internet, ces outils d’intelligence artificielle bénéficient d’un avantage considérable : ils sont ouverts à tous, simples d’utilisation et quasi gratuits. Des millions d’humains vont s’en emparer, participer à leur perfectionnement et inventer de nouveaux usages.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°605 du 17 février 2023, avec le titre suivant : Dall-E est-il le prochain Dalí ?

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