D’Abou Dhabi à Venise

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 11 juin 2009 - 318 mots

Le 26 mai, le président de la République a posé une première pierre toute symbolique du futur Louvre-Abou Dhabi (émirats arabes unis). Ce musée, que doit construire l’architecte Jean Nouvel sur l’île de Saadiyat, a déjà fait couler beaucoup d’encre. Aujourd’hui, il commence à prendre forme, avec la présentation d’un premier ensemble de ses acquisitions qui rassurent sur l’ambition du projet. Ces achats confirment la dimension universelle de l’établissement puisque l’on y retrouve tout aussi bien un tableau de Bellini, une tête de Buddha de Chine datant du VIe siècle qu’une amphore grecque à figures noires datant de 520 avant J.-C. Cerise sur le gâteau, le Piet Mondrian Composition avec bleu, rouge, jaune et noir (1922) acquis 21 569 000 euros frais compris, prix record pour une œuvre de l’artiste, lors de la vente Yves Saint Laurent-Pierre Bergé en février à Paris. Ce déploiement de moyens n’est pas seulement concentré dans l’émirat, comme peuvent le constater les visiteurs de la 53e Biennale de Venise, et plutôt deux fois qu’une. Les émirats arabes unis sont en effet la première nation du Golfe à disposer d’un pavillon, sis dans l’Arsenal. Certes, l’artiste Lamya Gargash y présente une série d’une trentaine de photographies d’hôtels une étoile à travers le pays, rompant avec l’image de luxe qui lui est associé. Mais la scénographie de l’ensemble, avec maquettes des musées de l’île de Saadiyat, pèche par son côté « foire-exposition » commerciale et touristique totalement hors de propos. On retrouve le même travers dans le projet voisin « ADACH Platform pour visual arts in Venice » financé par Abou Dhabi, avec ces grandes tentures publicitaires qui mettent en condition les visiteurs, avant qu’ils ne découvrent les œuvres de Hassan Sharif ou Mohammed Kazem. « Ces formes et ces images ne relèvent pas du divertissement, évitent le monumental et ne se complaisent pas dans l’esthétisation du cliché », écrit à leur propos la commissaire du projet, Catherine David. Une phrase à écrire en lettres d’or.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°305 du 12 juin 2009, avec le titre suivant : D’Abou Dhabi à Venise

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