Chassé-croisé

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 16 mai 2011 - 469 mots

Le départ d’Olivier Kaeppelin du Palais de Tokyo alimente à nouveau le débat sur le mode de soutien des artistes français. Pour résumer les positions, deux camps se font face : ceux qui militent pour une institution qui ferait une promotion active des artistes français et ceux qui plaident pour une programmation plus internationale comprenant des Français. En réalité, ils ne s’affrontent pas sur le même champ. Sur le plan de la création et de l’histoire de l’art, et à l’heure de la mondialisation, la nationalité des artistes est évidemment secondaire. La France, qui a toujours été une terre d’asile pour les artistes, se doit d’être ouverte au monde, ne serait-ce que pour présenter au public une offre devenue internationale. En face, on se place davantage sur le terrain économique. Les artistes français sont ridiculement sous-cotés par rapport à leurs confrères, leur chiffre d’affaires en ventes publiques, comme le montrait récemment Artprice, est pathétique. Certes, le marché n’est pas l’alpha et l’oméga de la détermination de la valeur de l’art. Je suis de ceux qui pensent que les stars d’aujourd’hui, Koons, Murakami ou Hirst, sont, à peu de choses près, les Bonnat, Bouguereau ou Cabanel du XIXe siècle : des artistes académiques représentatifs de leur temps, mais que l’histoire place derrière Van Gogh ou Gauguin. Mais enfin, la filière artiste-galerie-musée-critique se porterait beaucoup mieux si l’on ajoutait un zéro ou deux à la cote de nos artistes, même si le temps pourrait en juger autrement. Les multiples Frac, centres d’art, musées et galeries de l’Hexagone sont-ils fermés à la création internationale ? Non, bien sûr, c’est même le contraire qui se produit. Par fausse pudeur, crainte de se tromper, jeunisme, refus du marché, que sais-je encore, la France ne veut pas soutenir trop visiblement ses artistes dits « de milieu de carrière » comme le font, avec le réalisme qui les caractérise, les Allemands ou les Anglo-Saxons. Il serait temps de rééquilibrer la situation.

Un autre départ devrait être moins discuté : le mien. Ceci est mon dernier éditorial dans L’œil. Je vais en effet prendre la rédaction en chef du Journal des Arts, l’autre publication d’Artclair, et confier les rênes de L’œil à Fabien Simode. Depuis plus de cinq ans, Fabien Simode, historien de l’art et spécialiste de la presse professionnelle, assurait avec compétence, dévouement et inventivité la rédaction en chef adjointe de L’œil. Il en connaît tous les rouages et partage avec moi une même ambition pour cette magnifique revue : rendre l’art accessible au plus grand nombre. Merci chers lecteurs de nous être fidèles, depuis cinquante-six ans pour certains. La dernière enquête a montré que 73 % d’entre vous étaient « beaucoup » ou « extrêmement » satisfaits de leur revue. Le nouveau rédacteur en chef de L’œil a toutes les qualités pour vous satisfaire plus encore.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°636 du 1 juin 2011, avec le titre suivant : Chassé-croisé

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