Art contemporain

CoBrA, 60 ans de figuration libre et colorée

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 16 décembre 2008 - 406 mots

Baptisé à Paris le 8 novembre 1948, « dans l’effervescence et la ferveur, sur un coin de table au café Notre-Dame », selon les dires du peintre Corneille [lire L’œil n° 604], le mouvement CoBrA doit son nom à Christian Dotremont, poète et peintre belge.

Celui-ci l’a tout simplement composé sur le mode de l’acronyme des trois villes – Copenhague, Bruxelles et Amsterdam – des pays d’où sont originaires ses fondateurs : Jorn pour le Danemark, Corneille, Constant et Appel pour la Hollande, Noiret et Dotremont pour la Belgique. À l’appui, un texte manifeste, La Cause était entendue, rédigé par Dotremont, vise à mettre un point final à la querelle les opposant à l’autoritarisme surréaliste de Breton et à la domination de la scène parisienne.

À l’occasion du soixantième anniversaire de la création du groupe, les Musées royaux des beaux-arts de Belgique et le musée du palais des Beaux-Arts à Bruxelles lui consacrent une double exposition. Tandis que le premier organise au musée d’Art moderne une très importante rétrospective du mouvement rassemblant quelque cent cinquante œuvres de la période 1948-1951, celle de sa durée effective et de la constitution de ses fondamentaux, le second réunit tout un ensemble d’estampes et d’imprimés qui en actent la force dynamique et prospective.

« CoBrA, c’est le mélange non dosé de l’origine première par des origines immanentes pour une origine future », proclamait Dotremont. C’est surtout un mouvement qui, s’il est nordique, n’a pas tardé à essaimer tout d’abord en Europe, invitant la scène artistique à l’éveil d’une réelle conscience européenne, puis jouant d’influence outre-Atlantique en écho à l’expressionnisme abstrait. En 1949, l’adhésion de Pierre Alechinsky, sa rencontre avec Dotremont et son active contribution à la diffusion du mouvement en sont à elles seules une parfaite illustration.

Renouant avec les traditions populaires contre l’art savant, CoBrA s’est appliqué à explorer toutes sortes de pistes alternatives et a développé une curiosité pour l’ethnologie. Parallèlement, il s’est montré soucieux de développer la créativité du travail collectif tout en protégeant les aspects subjectifs de chacun. C’est dire si CoBrA, que caractérisent liberté de composition, richesse des couleurs et énergie du trait, s’offre à l’histoire comme l’un des mouvements préfigurateurs du postmodernisme.

A voir

« CoBrA », Musées royaux des beaux-arts de Belgique, musée d’Art moderne, 3, rue de la Régence, Bruxelles (Belgique), jusqu’au 15 février ; « CoBrA & Cie », palais des Beaux-Arts de Bruxelles, rue Ravenstein, Bruxelles, jusqu’au 4 janvier 2009.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°609 du 1 janvier 2009, avec le titre suivant : CoBrA, 60 ans de figuration libre et colorée

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