Peter Blake

Le vrai père du Pop

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 28 août 2007 - 392 mots

S’il est considéré comme le père tutélaire du Pop Art, version anglaise, c’est-à-dire première manière, Peter Blake – né en 1932 à Dartford dans le Kent – n’en demeure pas moins une figure encore mal connue.

Et pourtant, après de brillantes études au Royal College of Art, Blake est l’auteur de toute une série d’œuvres essentielles de la seconde moitié des années 1950. Celles qui voient justement naître le Pop Art dont son compatriote, le critique d’art Lawrence Alloway, invente le concept et qu’illustre Richard Hamilton avec son célèbre collage Qu’est-ce qui rend nos intérieurs si différents, si sympathiques ? (1956).

Si ses toutes premières œuvres sont inspirées par le monde du cirque, Peter Blake ne tarde pas à réaliser toutes sortes de collages empruntés à la culture populaire anglaise : enfants en roller, femmes voluptueuses en bikini, boxeurs… Tout habillé de jean, la veste couverte de badges, tenant en main la couverture d’un 45 tours ornée de l’image d’Elvis, son Autoportrait de 1956 dit bien son rôle fondateur de l’iconographie pop. Tout comme On the Balcony de 1955-1957 ou Porte de jeunes filles de 1959, peintures et collages mêlés, faits tant de reproductions d’œuvres célèbres et de photos de presse que d’images de pin-up empruntées aux médias.

Grandement fêté et honoré par les siens dans les années 1960, Peter Blake réalise en 1967 la couverture de l’album des Beatles Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band, qui rencontre un immense succès. Membre actif de la Confrérie des Ruralistes, il développe par la suite un nouveau langage graphique qui en appelle à une imagerie de contes de fées et de lutins, ses propres enfants lui servant volontiers de modèles.

Au fil du temps, l’artiste exécute surtout des portraits réalistes, des intérieurs et des natures mortes dans un style moins audacieux que par le passé, mais qui avoue sa passion de la couleur. Ses figures simplement brossées se détachent sur des fonds volontiers monochromes. Puis Blake, qui n’a jamais cessé de créer des pochettes de disques, revient au collage dans les années 1990, exploitant différents objets trouvés et s’inspirant des chefs-d’œuvre de la National Gallery de Londres. Rétrospective, l’exposition que lui consacre la Tate Liverpool devrait lui permettre de retrouver la première place qui a été la sienne.

« Peter Blake : a retrospective », Tate Liverpool, Liverpool (Grande-Bretagne), tél. 44 151 702 7400, jusqu’au 29 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°594 du 1 septembre 2007, avec le titre suivant : Peter Blake

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