Numérisation

Voltaire, mais pas Vermeer

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1994 - 501 mots

Vous pouvez trouver aujourd’hui tout Voltaire sur CD-Rom, mais pas l’œuvre de Vermeer. Et pourtant les supports numériques interactifs offrent d’immenses possibilités pour la reproduction d’œuvres d’art, ou l’adaptation d’un livre illustré mêlant texte et image.

PARIS - Dans une dizaine d’années, la télévision interactive permettra de visionner une visite du Louvre ou un film interactif sur Cézanne. Mais l ‘édition d’art électronique se heurte encore à des difficultés techniques et légales.
Une image de bonne qualité occupe sur un disque dur d’ordinateur une mémoire mille fois plus importante qu’une page de texte (la petite galette CD-Rom peut contenir 250 000 pages !), et son affichage sur l’écran est d’une lenteur exaspérante. Par ailleurs, les droits de reproduction de l’image, dont la législation n’est pas encore adaptée pour ce type de supports, font l’objet d’une vive controverse.

Pour ces raisons, hormis des banques de données d’images et des albums numériques déjà disponibles pour les professionnels, seuls les sociétés importantes, les musées ou les institutions réalisent aujourd’hui des produits multimédias sur l’art pour le grand public.

Rarement satisfaisants
Mais ces produits sont à l’heure actuelle rarement satisfaisants pour nos yeux habitués à des images superbement reproduites sur papier. Philips propose par exemple quelques CD-I sur des artistes (Van Gogh, Les Impressionnistes français...). La qualité d’image a beau être meilleure que celle des cassettes-vidéo, elle n’égale pas celle de la photo. En revanche, les réalisations sur vidéodisques du cinéaste autrichien Titus Leber (société Iconomics) sont impressionnantes et préfigurent un nouveau langage visuel. Mais la série des trois vidéodisques en haute définition et trois dimensions sur le Louvre, qu’il vient de réaliser grâce à des partenariats importants (1), a coûté la bagatelle de plus de six millions de francs !

La RMN, la plus avancée
La Réunion des musées nationaux est la plus avancée en matière d’image numérisée. "Nous voulons rendre accessible au plus grand nombre les fonds patrimoniaux français et européens , tout en les protégeant du pillage systématique", précise Joël Poix, responsable du département multimédias à la RMN. Si aucune concession n’a été faite à la filiale de Microsoft, Continuum, qui s’attache depuis quelques années à acquérir les droits de reproduction d’œuvres dans le monde entier, un accord de partenariat avec VTCom, filiale image de France Télécom, a été conclu (2). Plusieurs photo-CD Portfolio, catalogues d’expositions temporaires et divers CD-Rom sont en préparation. Dès l’automne prochain, deux premiers CD-Rom réalisés avec Montparnasse Multimédia permettront à celui qui possède un lecteur ad hoc d’acheter entre 400 et 500 francs une visite guidée à travers le Louvre.

Du côté des éditeurs privés, les moyens manquent pour se lancer dans de telles opérations. Tous réfléchissent cependant à la création ou à l’adaptation de certains de leurs titres sur disques optiques. Hazan prépare avec l’éditeur anglais Thames and Hudson, la RMN et l’association Videomuséum, un Dictionnaire de l’art moderne et contemporain, dont la sortie est prévue pour 1995.

(1) Le Louvre, l’Unesco, la société japonaise NFUAJ et Beta Système (2) Voir Le Journal des Arts d’avril, n° 2.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Voltaire, mais pas Vermeer

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