Villégiature bretonne

Un inventaire du patrimoine de la Côte d’Émeraude

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 31 mai 2002 - 680 mots

Après les côtes normande, basque et d’Opale, une partie du littoral breton, appelée « la Côte d’Émeraude », fait l’objet d’une étude détaillée et précise, dans les Cahiers du patrimoine. Conçu comme un inventaire, selon des considérations géographiques, économiques et sociales, l’ouvrage édité par Monum offre un panorama des stations balnéaires installées de Cancale au cap Fréhel, en passant par Lancieux, Saint-Briac-sur-Mer, Saint-Lunaire, Dinard ou Saint-Malo.

Après les côtes normande, basque et d’Opale, une partie du littoral breton, appelée “la Côte d’Émeraude”, fait l’objet d’une étude détaillée et précise, dans les Cahiers du patrimoine. Conçu comme un inventaire, selon des considérations géographiques, économiques et sociales, l’ouvrage édité par Monum offre un panorama des stations balnéaires installées de Cancale au cap Fréhel, en passant par Lancieux, Saint-Briac-sur-Mer, Saint-Lunaire, Dinard ou Saint-Malo.

Avec ses nombreuses stations balnéaires, établies le long des rochers et falaises, ses quelques grandes plages alternant avec des criques, la Côte d’Émeraude s’étend depuis Cancale jusqu’à la pointe du cap Fréhel. C’est à l’avocat Eugène Herpin, inspiré en 1900 par “la teinte glauque de la mer et la verdure des arbres qui décorent nos rivages et les reflètent [...] dans la transparence des flots”, qu’on doit le terme de “Côte d’Émeraude”. Mené dans le cadre du programme d’étude sur l’architecture balnéaire, lancé à la fin des années 1980 par le CNRS, l’inventaire publié par les Cahiers du patrimoine définit les principales caractéristiques de ces paysages, placés à la confluence de courants anglais, français et de cultures régionales. Leur histoire s’articule autour de deux pôles : Saint-Malo et Dinard. Dans les années 1840, les quelques habitants de la Côte d’Émeraude sont rejoints par les premiers villégiateurs venus pratiquer les bains de mer, suivis de façon beaucoup plus massive, à la fin du XIXe siècle, par la bourgeoisie parisienne et provinciale. Se dessine alors un nouvel espace urbain, structuré autour des digues – conçues non plus comme équipements défensifs mais rattachées aux loisirs –, promenades et boulevards. Socialement, la ville s’organise autour du casino, de l’établissement des bains et du grand hôtel, véritable vitrine de la station.

Le triomphe de l’éclectisme
Afin d’étudier plus en détail certains aspects de la villégiature balnéaire, l’ouvrage comprend des “points de vue” à la fin de chaque chapitre : de petites fiches monographiques précises sur des villas, hôtels, casinos, établissements de bains ou avenues. Conçu pour un séjour saisonnier, le lotissement est l’habitat le plus fréquent sur la côte. Il adopte des formes très variées, à l’image des lotissements construits dans les années 1870, élaborés pendant l’entre-deux-guerres sur le modèle anglais des cités-jardins ou conçus pour donner directement sur un paysage pittoresque. L’habitat balnéaire ou villa est, quant à lui, bâti à mi-pente de l’escarpement rocheux, pour être plus en contact avec la nature. Afin de capter au mieux la lumière, les architectes ont recours à plusieurs solutions, tels le bow-window – fenêtre à l’anglaise –, la lucarne à pans coupés, ou la véranda, pièce entièrement vitrée. Si le modèle anglais – une architecture pratique et austère, pourvue de nombreuses baies – domine les premières constructions, un type plus fantaisiste éclot dès le Second Empire, tandis que les années 1880 correspondent au triomphe de l’éclectisme, marqué par des références au style gothique anglais et par l’apparition d’une architecture polychrome – des briques rouges, blanches ou noires, rehaussées de briques vernissées vertes et de carreaux de grès incrustés. À partir de 1920, les habitations témoignent d’une volonté d’associer le pittoresque, le modernisme et des références régionales. Dans la tradition bretonne, des maisons simples, à pignons découverts et à lucarnes à frontons, sont reproduites en grand nombre après la Seconde Guerre. À la fin du livre, un “indicateur du patrimoine” fournit un extrait des bases de données rassemblées lors de l’enquête d’inventaire sur les communes de Dinard et Saint-Malo. Classées par quartier, les notices permettent de s’immiscer au cœur du travail scientifique.

- Bernard Toulier et Francis Muel (sous la direction de), La Côte d’Émeraude – La villégiature balnéaire autour de Dinard et Saint-Malo, Cahiers du patrimoine, Monum, Éditions du patrimoine, 2001, 340 p., 54 euros, ISBN 2-85822-661-X.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°150 du 31 mai 2002, avec le titre suivant : Villégiature bretonne

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