Une collection au carré

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2004 - 497 mots

Les Archives d’architecture moderne étoffent leur petite collection d’ouvrages monographiques avec deux volumes sur des bâtiments emblématiques de Bruxelles.

Depuis 2002, les Archives d’architecture moderne (AAM), à Bruxelles, éditent, à un prix modique (12 euros), une collection de livres de poche carrés – 13 x 13 centimètres  – baptisés tout simplement « Les carrés AAM » et illustrés de documents en tout genre : plans, dessins, photographies d’époque ou contemporaines, en noir et blanc ou en couleur... Cette collection est notamment bâtie autour d’édifices ou d’ouvrages d’art singuliers, voire « extraordinaires », pour la plupart érigés au cours de la première moitié du XXe siècle. Elle réunit à ce jour une quinzaine de titres. D’autres suivront, tels Paris : les dômes, ultime respiration baroque, Les Serres de Laeken, photographies contemporaines de Bastin et Evrard, ou encore Biarritz, de la villa impériale à l’Hôtel du Palais.
Le premier titre de la collection a bien évidemment été consacré à La Loge, à Bruxelles, ancien temple de l’ordre du Droit Humain, non pour célébrer un quelconque idéal maçonnique, mais parce que le lieu accueille depuis sa rénovation, en 2002, le Musée des AAM.
Les deux derniers livres parus à ce jour sont La Maison de verre et L’Expo 58. Le premier est consacré non pas à la mythique construction de Pierre Chareau, à Paris, mais à l’un de ses clones édifié, en 1936, à Uccle, commune de l’agglomération bruxelloise, par l’architecte Paul-Amaury Michel.
Cet admirateur dudit Chareau, et surtout du Corbusier, n’avait alors que… 23 ans. Des photographies réalisées suite à une restauration scrupuleuse, en 2002, apportent une vraie fraîcheur à l’ensemble. En revanche, le texte, quoiqu’averti – on y apprend ainsi que les pavés de verre utilisés par Chareau sont des « extra-clairs Nevada », de chez Saint-Gobain, tandis que ceux de Michel sont des « dalles en demi-cristal inaltérable », issues des verreries du Val-Saint-Lambert, à Liège – est plutôt laborieux. Davantage posé est le second ouvrage, L’Expo 58, qui raconte l’Exposition universelle de Bruxelles, en 1958, et la construction de son édifice emblématique : l’Atomium. Ce dernier, actuellement en rénovation jusqu’en 2006, arbore neuf grandes sphères scintillantes d’aluminium et d’acier, symbolisant une molécule cristallisée de fer agrandie 160 milliards de fois.
On ne résiste pas, enfin, à l’envie d’évoquer ce « carré » intitulé Objectif Mont-Blanc, les téléphériques de l’impossible. Le livre retrace, en effet, l’histoire passionnante du franchissement du Mont-Blanc, par-dessus et par-dessous, à travers la vie de Dino Lora Totino (1900-1980), industriel du textile turinois, promoteur dès 1946 du tunnel sous le Mont-Blanc, puis auteur en 1955 du téléphérique de l’aiguille du Midi et, deux ans plus tard, de la télécabine de la vallée Blanche, exploit technologique sans précédent puisque celle-ci franchit, sans pylône intermédiaire, un glacier de cinq kilomètres de large, le glacier du Géant, qui s’étire entre la France et l’Italie. Un régal !

LA MAISON DE VERRE et L’EXPO 58, éditions AAM, Bruxelles, 2004, 64 p., 12 euros, ISBN respectivement 2-87143-148-5 et 2-87143-146-9.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°203 du 19 novembre 2004, avec le titre suivant : Une collection au carré

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