Le prix du Quai des Orfèvres 2025 distingue un livre dont l’action implique un tableau de Van Gogh disparu en 1945.
La capitaine Isabelle Le Peletier, qui dirige un groupe de police criminelle à Paris, vient d’exploser le nez d’un dealer sur la table de la salle d’interrogatoire. Les images de ce qu’il faut bien nommer une bavure la poursuivent tandis qu’elle se rend sur une scène de crime décrite comme « pas belle à voir » par la lieutenante Blanche Charon, dotée de « formes anatomiques là où il faut ». Celle-ci fait équipe, voire plus, avec le lieutenant Samuel Avonne, sorti major de sa promotion, et tout ce petit monde obéit au « taulier » qu’on appelle « patron », le commissaire Bosquet dont Le Peletier « supporte mal l’autorité ».
Dès les premières pages, le lecteur sait qu’il tient en main un bon polar classique, servi par les personnages attendus et nimbé de l’atmosphère glauque qui sied au genre. Le seul détail presque irritant (du moins lorsqu’on est familier de la capitale), est le parti pris par l’auteur de puiser les noms de tous ses personnages dans la liste des voies parisiennes. Si bien qu’à un moment Charon, réfléchissant à l’affaire, voit tourner dans sa tête « Monceau, Bosquet, Plaisance, Chapelle ». Charon elle-même, son partenaire Avonne et les officiers de l’OCBC Falguentier et Parmière renvoient aux stations de métro Charonne, Avron, Falguière et Parmentier, dans un esprit assez potache qui colle plutôt mal à la noirceur du récit.
« OCBC » est l’acronyme de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, « un service d’enquête de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), doté d’une compétence nationale », précise le site Internet du ministère de l’Intérieur. Logiquement, dans le roman, la Crim’ parisienne, qui n’aime pas qu’on foule ses plates-bandes, fait tout pour le tenir à l’écart de l’enquête. Mais il se trouve que Charon, historienne de l’art, est passée par l’OCBC et que ses connaissances et son flair lui permettront de faire avancer l’affaire. Car le mort du début, artistement exposé en morceaux par son assassin, est accompagné d’un tableau de Van Gogh, Le Peintre sur la route de Tarascon (1888), disposé sur un chevalet. Or la toile est réputée avoir été détruite en 1945… Il y aura d’autres cadavres, d’autres tableaux et des rebondissements dans les plus hautes sphères de l’État.
Fruit de trois années de travail, ce premier roman d’Olivier Tournut a obtenu le prix du Quai des Orfèvres 2025 qui en garantit la crédibilité : ce prix est décerné sur réception d’un manuscrit anonyme par un jury composé de policiers et de magistrats et présidé par le directeur de la police judiciaire parisienne du 36, rue du Bastion, le nouveau « 36 ».
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Un Van Gogh sur la scène de crime
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°647 du 17 janvier 2025, avec le titre suivant : Un Van Gogh sur la scène de crime