Un dessin monstre !

karen reyes est une enfant surdouée et imaginative qui, pour échapper au monde « stupide » dans lequel elle vit, dessine les monstres qu’elle imagine. la nuit, la petite fille se rêve en loup-garou ; la journée, elle tente de résoudre le mystérieux suicide de sa voisine anka et doit vivre avec les incessants « fricotages » de deeze. deeze est un beau-père colérique mais sympa ; quand il ne trompe pas sa mère, il emmène karen à l’art institute de chicago regarder les tableaux du musée, dont le cauchemar de füssli et un dimanche après-midi à la grande jatte de seurat, qui servent ensuite de décor à son imagination fertile. ces tableaux, emil ferris les a contemplés durant ses cours à l’art institute. aussi est-il difficile de ne pas voir dans karen un peu de son auteure. frappée par une maladie qui la tint paralysée, emil ferris, illustratrice, dut en effet réapprendre à dessiner en scotchant un stylo à sa main. cette rééducation a accouché de moi, ce que j’aime, c’est les monstres, un monstre de roman graphique réalisé sur plus de quatre cents feuilles lignées recouvertes de hachures au stylo à bille, parfois rehaussées de crayons de couleur, où chaque page est une œuvre en soi. si, par son univers, son style et son incroyable virtuosité, emil ferris appartient à la famille des wolverton, crumb et art spiegleman, elle s’illustre par une œuvre singulière, débordante de trouvailles graphiques. tourner les pages de son premier livre donne littéralement le vertige.