Patrimoine immatériel

Catalogue d’exposition

À table !

Par Suzanne Lemardelé · Le Journal des Arts

Le 19 septembre 2012 - 394 mots

C’est à partir du XVIe siècle en France que le plaisir s’invite à la table des princes.

Que mangeait-on au XVIe siècle ? Et comment ? Si le « repas gastronomique des Français » est aujourd’hui un art et un patrimoine reconnu, institutionnalisé même il y a deux ans par son inscription sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, il le doit en partie aux innovations de cette époque. Élisabeth Latrémolière, directrice du château royal de Blois et commissaire générale de l’exposition « Festins de la Renaissance » (jusqu’au 21 octobre), le rappelle : au Moyen Âge, manger est avant tout un acte utile. Sur la table du banquet plane encore la menace du péché de gourmandise. C’est à la Renaissance que le repas devient plaisir, transformé par l’apport des fruits et légumes, ainsi que par le goût nouveau pour le sucré.

Mijotée durant deux ans par une équipe mêlant universitaires et conservateurs, l’exposition du musée de Blois a permis la publication d’un riche catalogue, une première synthèse de fond sur les habitudes alimentaires de cette période charnière. Le contenu du livre, dense et complet, reflète la volonté de dialogue interdisciplinaire dans laquelle s’inscrit le projet, « une rencontre des disciplines, pas toujours si fréquente en France », souligne la directrice. En prélude du catalogue des objets présentés à Blois, archéologues, historiens et historiens de l’art décortiquent ensemble l’assiette du XVIe siècle. On compte parmi les auteurs Florent Quellier, spécialiste de l’histoire de l’alimentation et déjà à l’origine en 2010 d’une délicieuse Histoire d’un péché capital (éd. Armand Colin) consacrée à la gourmandise, ou encore Thierry Crépin-Leblond, conservateur général du patrimoine et directeur du Musée national de la Renaissance/château d’Écouen. Tous deux dressent un bilan intéressant du goût – culinaire et esthétique – des élites du XVIe siècle. Adeptes d’une cuisine moins acide, moins épicée qu’au Moyen Âge, ces derniers découvrent le beurre, le sucre de canne et la dinde. Ils succombent à la mode du melon et des artichauts, plats qu’ils dégustent dans une vaisselle d’argent ou d’étain, disposée sur une table qui n’est pas encore un meuble. Outre les mets et la vaisselle, l’iconographie du repas, l’architecture des cuisines et leur équipement ainsi que les livres de recettes sont également abordés dans des articles richement illustrés. Exquis !

ÉLISABETH LATREMOLIERE ET FLORENT QUELLIER (sous la dir.), FESTINS DE LA RENAISSANCE, CUISINE ET TRÉSORS DE LA TABLE

Coéd. Musée du château royal de Blois/éditions Somogy, 2012, 320 p., 39 €.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°375 du 21 septembre 2012, avec le titre suivant : À table !

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