Documentaire

Souffle d’Afrique

Par Emilie Oursel · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2006 - 359 mots

En 2005, l’exposition « Africa Remix », au Centre Pompidou, à Paris, a mis en exergue le souffle d’énergie des artistes venus d’Afrique. Arte en dresse aujourd’hui le bilan dans une soirée « Thema » consacrée à cette génération en quête d’une reconnaissance internationale. Le vidéaste Valéry Gaillard revisite l’événement en donnant la parole aux artistes qui y ont participé. Le film joue d’un double regard et juxtapose au montage de l’exposition des reportages sur le quotidien des artistes en Afrique.
Du Sénégal au Bénin, ceux-ci nous entraînent sur les traces d’une Afrique urbaine, loin des paysages stéréotypés de l’exotisme. L’artiste Junkman nous emmène ainsi dans les rues de sa ville nigériane, où il récupère les matériaux – des déchets – de ses sculptures. La caméra capte les images d’un continent en friche, foisonnant et coloré. Ici, l’art fait partie intégrante de la vie. En passant d’une ville à une autre, on découvre de véritables installations en plein air. Ici, une montagne de bidons d’essence sur des échoppes, là des fresques qui se déploient sur les habitations. Meschac Gaba, auteur de La Boulangerie béninoise, avoue vouloir retranscrire « une réalité africaine », un dialogue du vécu et une histoire croisée entre l’Europe et l’Afrique à l’ère post-coloniale. Assis dans son atelier sénégalais, Ndary Lo déclare : « Nous sommes très baudelairiens : transformer la boue en or. »Les œuvres prennent alors tout leur sens.
Dans les salles du Centre Pompidou, la caméra capture des images durant le montage : le silence, la concentration. Ingrid Mwangi trace un pan de terre rouge, une installation intitulée Down to the River (2001). Elle s’arrête pour donner son point de vue sur l’art aujourd’hui : « Un artiste ne se situe pas dans un seul espace, il est universel. » La parole donnée aux artistes se fait franche et réfléchie. La caméra s’efface devant une génération en plein essor.
Et Junkman, posté devant sa rangée de statues aux allures de fantômes, de conclure : « Bientôt ils prendront vie. ».

À l’ombre des masques (52 min, 2005), diffusé vendredi 17 mars à 22h10 sur Arte, coproduction Arte France/Centre Pompidou/Les Films du Tambour de Soie.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°232 du 3 mars 2006, avec le titre suivant : Souffle d’Afrique

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