Livre

Fac-similé

Noa noa

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 26 avril 2022 - 314 mots

Fondées il y a tout juste dix ans, les Éditions des Saints Pères se sont fait un nom dans un secteur atypique, les livres d’exception.

Cette maison a en effet creusé son sillon dans un registre guère usité par ses consœurs : les manuscrits originaux des grandes œuvres. Son catalogue se distingue ainsi par la préciosité des ouvrages mais aussi par la variété des signatures, allant du Journal d’Alfred Dreyfus aux contes de Perrault en passant par les textes de Cocteau, avec une place de choix accordée aux fac-similés d’artistes. Logiquement, la maison a donc jeté son dévolu sur un livre mythique pour les amoureux de l’art moderne, Noa Noa. Auréolé de légendes, le manuscrit de Paul Gauguin est une œuvre d’art totale. Un « livre à lire et à regarder » selon son auteur qui l’a conçu en juxtaposant constamment textes, dessins et aquarelles. Cet ouvrage, dont le titre signifie « ce qu’exhale Tahiti », est un témoignage irremplaçable de son premier voyage dans cette contrée qui l’a bouleversé. Et pourtant, le livre que l’on a longtemps considéré comme original était en réalité une version déjà profondément remaniée. La destinée de cet ouvrage fondateur est en effet riche en rebondissements, car Gauguin, peu sûr de ses talents d’écrivain, le confie au poète Charles Morice pour qu’il l’améliore. Ce dernier y ajoute des poèmes qui modifient sensiblement l’esprit du premier jet. Le projet originel a ensuite longtemps été oublié avant d’entrer dans les collections du Getty Research Institute. Son édition agrémentée de près de cinquante illustrations restitue au texte sa clarté et sa puissance d’évocation. Le lecteur perçoit ainsi l’éblouissement ressenti par Gauguin face à cette nature édénique, la beauté des vahinés ainsi que la fascination pour la société polynésienne. Tiré à mille exemplaires numérotés et présenté dans un luxueux coffret, ce fac-similé se démarque par sa finesse de réalisation. Plus qu’un livre, c’est un objet de collection.

Paul Gauguin, « Noa Noa, »
Éditions des Saints Pères, 88 p., 240 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Noa noa

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