Livre

Museum connection et tableaux volés

Musées : vols, pillages et négligences

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 23 avril 2008 - 354 mots

Moins une enquête qu’un plaidoyer à charge, Museum connection veut dresser un constat alarmant de la gestion des musées. Le médiatique avocat Emmanuel Pierrat (collaborateur occasionnel de L’œil et conseil d’Artclair) s’est adjoint les services d’un insider anonyme pour recenser les multiples négligences qui affecteraient le patrimoine des institutions.

La pièce maîtresse de l’argumentation repose sur l’inventaire et le récolement des collections nationales toujours en cours, et toujours pas rendus publics. Au moins 17 000 pièces seraient introuvables. Les auteurs énumèrent à l’envi les tapisseries et objets d’art du mobilier national évaporés dans les ambassades, ou les ouvrages disparus de la BnF. Ils pointent d’un doigt accusateur l’état déplorable des réserves, dont ils tirent argument pour recommander l’aliénabilité des œuvres.

De l’utilité des bases de données
Autant Museum connection part en croisade, armé d’un vocabulaire volontiers sensationnel et pourfendeur, autant Tableaux volés, un ouvrage un peu plus ancien, dresse un panorama historique et international du vol d’œuvres d’art sur un ton un peu « nunuche » que n’aide pas une traduction littérale de l’anglais. Son mérite principal réside dans la reproduction des œuvres volées ainsi que dans les photos des lieux victimes.

Les deux ouvrages se rejoignent pour mettre en évidence la marchandisation croissante de l’art et les enjeux économiques de son marché, ainsi que l’utilité capitale des bases de données d’objets volés. Bien peu de malfrats sont des collectionneurs. La plupart du temps, ils volent pour revendre. Museum connection et Tableaux volés fourmillent d’exemples d’objets dérobés et identifiés lorsqu’ils réapparaissent à l’occasion d’une vente publique ou dans la vitrine d’un antiquaire. Qu’ils soient exposés dans les musées ou détenus par des privés, plus les objets sont connus, moins ils sont vendables, et donc moins susceptibles d’être volés. Une réalité que le dénouement heureux de la Salière de Cellini ou Le Cri de Munch confirme une nouvelle fois.

Emmanuel Pierrat, Jean-Marie de Silguy, Museum connection. Enquête sur le pillage de nos musées, First Éditions, 230 p., 17,90 euros. À paraître le 15 mai 2008.

Simon Houpt, Tableaux volés. Enquête sur les vols dans le monde de l’art, éditions Stéphane Bachès, 190 p., 30 euros

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°602 du 1 mai 2008, avec le titre suivant : Museum connection et Tableaux volés

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