Livre

Monographies : bien lire l’étiquette avant d’acheter

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 30 octobre 2018 - 492 mots

Chaque année apporte son lot de monographies dites exhaustives, ou inédites, de grands noms de la photographie.

All About Saul Leiter [Textuel, 312 p., 35 €], soit « Tout sur Saul Leiter », s’affiche ainsi en lettres dorées sur le dernier livre consacré à l’auteur décédé en 2013. « Ce livre rassemble la plus importante sélection de photographies et de tableaux issus des archives Leiter », lit-on à son dos. On s’en réjouit d’avance bien que le format réduit laisse planer des doutes que confirme la lecture. La reproduction de peintures ne représente en réalité que dix pages sur trois cent douze en sachant que l’artiste fut autant peintre que photographe. Les deux courts textes du livre s’avèrent par ailleurs traiter avant tout de son intérêt pour l’art japonais et de son influence. Le propos n’est certes pas dénué d’intérêt, mais il est fort loin de ce que l’on se préparait à lire. Le titre de All About Saul Leiter se révèle bien déceptif. L’acquisition d’une monographie s’apparente à l’achat d’un produit alimentaire. Il induit le réflexe de la lecture de l’étiquette pour connaître son pays d’origine, sa composition. Ce qui conduit à se reporter à l’une des dernières pages. All About Saul Leiter s’avère ainsi l’édition en français du livre créé pour la rétrospective qui s’est tenue au Bunkamura Museum à Tokyo en 2017.

La publication de Through a Different Lens: Stanley Kubrick Photographs [Taschen, 328 p., 50 €] est aussi à relier à une exposition : celle du Museum of the City of New York qui s’est achevée le 28 octobre à New York. Certes, les noms des auteurs des textes (traduits en français) sont une indication. Mais il reste que l’information la plus claire et la plus complète sur l’histoire de son édition tient en une colonne à la fin de l’ouvrage dont le grand format entend donner à voir le maximum de reportages, y compris non publiés, que Kubrick réalisa pour Look Magazine, entre 1945 et 1950, avant de devenir cinéaste. L’édition de Masahisa Fukase [éditions Xavier Barral, 416 p., 65 €] est à relier en revanche au travail mené de concert par Tomo Kosuga, directeur des archives Fukase, Simon Baker (ancien directeur de la photo de la Tate Modern, aujourd’hui à la Mep) et l’éditeur Xavier Barral. La fin de l’ouvrage déroule le générique de ses différents acteurs. Car il s’agit bel et bien là d’une monographie pur jus, la première du genre, de surcroît consacrée au célèbre photographe japonais, y compris au Japon. La rétrospective Fukase au Fotografiemuseum Amsterdam (FOAM) elle-même, jusqu’au 12 décembre, ne peut contenir que quelques corpus de l’auteur de Ravens (Corbeaux). Le regroupement de l’ensemble de ses travaux, les analyses et textes introductifs à chaque série associés à une impression soignée en font l’ouvrage de référence. Une seule série toutefois n’a pas été publiée, celle sur sa maîtresse que l’épouse du photographe a refusé de voir publier. De cela, l’ouvrage n’en fait en revanche aucunement mention.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°717 du 1 novembre 2018, avec le titre suivant : Monographies : bien lire l’étiquette avant d’acheter

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