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"Mona Lisa", un classique même pour le jazz

Par Laure Albernhe · L'ŒIL

Le 26 septembre 2019 - 516 mots

Chaque mois, Laure Albernhe, l’animatrice des Matins Jazz sur les ondes de TSF JAZZ, parle d’un musicien inspiré par les arts visuels. Ce mois-ci Nat King Cole.

Pour les amateurs de jazz, le nom de Mona Lisa évoque moins le sourire énigmatique de la Joconde que la voix suave de Nat King Cole, qui en a fait un monument du « Great American Songbook », la liste des standards du jazz et de la grande variété américaine. Pourtant, cette face B n’était pas destinée à devenir un classique entré en 1992 au prestigieux « Grammy Hall of Fame », interprété par Harry Connick Jr, James Brown, Gregory Porter et même, de ce côté-ci de l’Atlantique… par Sacha Distel ! Mona Lisa est une chanson qui figure dans la bande originale du film noir Captain Carey, USA (Le Dénonciateur, en français). La Paramount l’avait commandée à Ray Evans et Jay Livingston, qui ont expliqué en détail son parcours tortueux : pour ce film qui se déroulait dans une petite ville italienne pendant la Seconde Guerre mondiale, il fallait une chanson pour prévenir le héros (la star hollywoodienne Alan Ladd), agent des services secrets américains, et les partisans quand arrivait la patrouille allemande. C’est ainsi qu’est née cette « jolie mélodie, qui a plu à la production, parce qu’elle sonnait italien ». Ils lui ont donné le titre de Mona Lisa, ses paroles faisant référence au fameux sourire de la Joconde : « Mona Lisa, Mona Lisa / Men have named you / You’re so like the lady with the mystic smile… »

Oscar de la meilleure chanson originale

Dans le projet initial, le film portait le titre de OSS, qui a été changé en After Midnight. Après quoi, la Paramount a demandé aux auteurs de changer aussi le titre et les paroles de la chanson pour After Midnight. Mais, quelques semaines plus tard, apprenant dans le magazine Variety que le film s’intitulerait finalement Captain Carey, USA, du nom de son personnage principal, les pugnaces Evans et Livingston ont demandé à la production le rétablissement des paroles originelles de Mona Lisa… Chanson qu’ils avaient pris soin de faire interpréter par l’orchestre de la Paramount lors de la séance d’enregistrement de la bande de démonstration ! Demande acceptée. Il fallait alors trouver un chanteur charismatique. Ils l’ont d’abord tout naturellement proposée aux « Italiens » de la grande variété américaine, mais les Frank Sinatra et autre Perry Como ont rejeté la proposition. C’est finalement à l’obstination de l’éditeur musical Larry Shayne que l’on doit la version de Nat King Cole. Persuadé qu’il en serait l’interprète idéal, Larry Shayne aurait harcelé le chanteur jusqu’à ce qu’il accepte d’enregistrer sa version. « J’ai enregistré cette chanson pour que ce vieux Shayne me lâche les basques », a raconté Nat King Cole. Grand bien lui en a pris. La chanson, arrangée par le très renommé Nelson Riddle, est restée huit semaines en tête du classement établi par le magazine américain Billboard en 1950. Elle a remporté l’Oscar de la meilleure chanson originale en 1951… et a remplacé dans le cœur des mélomanes le mystérieux sourire de la Joconde par celui de Nat King Cole.

À retrouver
Laure Albernhe et Mathieu Beaudou dans
Les Matins Jazz,
du lundi au vendredi, de 6 h à 9 h 30 sur TSF JAZZ, la radio 100 % jazz. www.tsfjazz.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°727 du 1 octobre 2019, avec le titre suivant : "Mona Lisa", un classique même pour le jazz

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