Musique

En partenariat avec TSF JAZZ

Miles Davis, une musique que l’on peut voir

Chaque mois, Laure Albernhe, l’animatrice des Matins Jazz sur les ondes de TSF JAZZ, rencontre un musicien inspiré par les arts visuels.

Par Laure Albernhe · L'ŒIL

Le 28 août 2019 - 502 mots

Un album inédit de Miles Davis sort en septembre, avec en couverture la reproduction d’une toile du musicien. L’occasion de revenir sur le rapport tardif et peu connu du trompettiste à la peinture.

« La musique est une peinture que l’on peut entendre, et la peinture est une musique que l’on peut voir », aurait dit Miles Davis à Joe Gelbard, dernière compagne du musicien. Le trompettiste et l’artiste américaine se sont rencontrés dans l’ascenseur de leur immeuble au milieu des années 1980. Miles Davis dessinait déjà beaucoup, mais cette rencontre déclenche véritablement sa passion de peindre, à un moment où les suites d’une opération rendent la pratique de la trompette difficile. Le contraste entre la musique minimale que le jazzman joue, sur scène, dos au public, et la peinture de ses débuts peut surprendre : « Le Miles peintre était un enfant enthousiaste, joyeusement libre. Il ne peignait pas ; il sur-peignait ! », explique en 2006 Joe Gelbard dans L’Express. « Il composait avec toutes les couleurs, de façon très spontanée ; il superposait les couches et réalisait des œuvres très denses de textures et de formes. » Il peint partout, y compris sur les meubles, et tout le temps. « Je dessine et je peins de plus en plus, plusieurs heures par jour, quand je suis chez moi, écrit Miles dans son autobiographie [éd. Infolio]. Et quand je suis en tournée aussi. La peinture, c’est apaisant ; j’adore voir ce qui sort de mon imagination. C’est une sorte de thérapie, qui m’occupe l’esprit à quelque chose de positif quand je ne fais pas de musique. La peinture m’obsède, comme la musique et tout ce qui compte pour moi. »

Lorsqu’il ne joue et ne peint pas, Miles Davis nourrit sa passion dans les musées et les ateliers d’artistes, ne se contentant pas d’admirer, mais cherchant aussi à posséder. « C’est nouveau pour moi, et j’adore ça : avoir de l’argent pour acheter des œuvres du monde entier », écrit le musicien. Si l’on ne connaît pas sa collection, on sait en revanche le goût du musicien pour l’univers de Salvador Dalí, son « peintre préféré ». « Il y a les peintres en général, et les grands peintres parmi les grands. Au XXe, à mon avis, il y a eu Picasso et Dalí. J’aime Dalí à cause de son imagination quand il peint la mort. J’adhérais complètement à cette imagerie, j’aimais le surréalisme de ses toiles […]. Il m’a apporté un nouveau regard sur les choses », écrit encore Miles. Quant à Picasso, que le musicien avait rencontré lors de son premier séjour à Paris dans les années 1950, « en dehors de son œuvre cubiste, il subissait l’influence africaine, et je “savais” déjà ce que c’était. » Mais le peintre revient souvent dans ses références, y compris dans sa quête musicale : « Quand je regarde un tableau de Picasso, je vois cet équilibre, je me dis que ça peut rendre ma musique meilleure », raconte en 1989 le trompettiste dans Miles in Paris, le film de Frank Cassenti. Cette fameuse musique que l’on peut voir…

À écouter
Rubberband of Life, de Miles Davis, chez Warner. Sortie le 6 septembre 2019
À retrouver
Laure Albernhe et Mathieu Beaudou dans Les Matins Jazz, du lundi au vendredi, de 6 h à 9 h 30 sur TSF JAZZ, la radio 100 % jazz. www.tsfjazz.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°726 du 1 septembre 2019, avec le titre suivant : Miles Davis, une musique que l’on peut voir

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