Livre

Graphisme

Michel Bouvet, sa vie, son œuvre, son trait

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 21 mai 2019 - 438 mots

Le titre claque comme une insulte : « Affichiste ! » Sans doute, Michel Bouvet, grand nom du graphisme hexagonal, l’a-t-il entendue maintes fois au cours de sa singulière carrière de plus de quatre décennies.

Cette première monographie décrypte les multiples facettes de cet homme prolixe, à la fois affichiste donc, mais aussi peintre, photographe, enseignant ou commissaire d’expositions, sans oublier globe-trotter. Richement illustrée, cette somme (520 pages) entremêle parcours professionnel exemplaire et histoire personnelle – naissance à Tunis le 29 juin 1955, découverte de l’assassinat de son grand-père par la milice en 1944… –, dessins et photographies, le tout agrémenté de moult réflexions et anecdotes. On y découvre pêle-mêle ses travaux, les sagas de ses divers ateliers, ses ami(e)s de la photogravure, les Biennales de graphisme où il est tantôt juré tantôt invité d’honneur et les manifestations dont il est la cheville ouvrière (Mois du graphisme à Échirolles, Fête du graphisme à Paris) et, enfin, les souvenirs de ses voyages en Pologne, au Japon ou en Amérique du Sud.

Le trait de Michel Bouvet émerge au cours des années 1970 et 1980, période où l’affiche culturelle se forge un champ autonome dans le domaine de l’art, véhiculant un puissant message, autant social que politique. En 1987, il décroche, avec un projet pour l’ouverture de l’École nationale supérieure des arts de la marionnette de Charleville-Mézières, le grand prix de l’affiche culturelle de la Bibliothèque nationale de France, damant le pion au collectif phare du moment, le groupe Grapus. Son rendu est à la fois simple et terriblement efficace : un grand « M », peint en noir comme tracé à la main, est suspendu par deux maigres fils en lévitation au-dessus de trois gros points aux couleurs primaires rouge, jaune et bleu. Le signe fort, façon symbole inéluctable, deviendra sa marque de fabrique. Bouvet enfile alors les institutions comme les perles : théâtre Les Gémeaux de Sceaux, Maison des arts de Créteil, théâtre des Treize Vents de Montpellier, opéra de Massy, Musée des arts et métiers, à Paris, ou, aujourd’hui, Friche de la Belle de Mai, à Marseille. Il y aura aussi « L’Aventure Arles » (titre d’un chapitre) : 12 ans, jusqu’en 2014, passés aux manettes de l’affiche officielle des Rencontres, d’abord sur le registre légumier – page 228, on dirait une liste de courses ! –, puis animalier. Idem lorsqu’il use de la photographie. Les objets qu’il montre sont « réels », non simulés en 3D. Bouvet dit : « J’ai toujours pensé que la photographie était hyperréaliste, c’est-à-dire au-delà de la réalité. Si l’objet n’est pas réel, on ne croit pas à l’image. Sa concrétisation la plus parfaite permet d’éviter l’imposture. » Dont acte !

Daniel Lefort,
Affichiste ! Les aventures de Michel Bouvet,
Éditions Alternatives, 520 p., 25 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°724 du 1 juin 2019, avec le titre suivant : Michel bouvet, sa vie, son œuvre, son trait

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