Miaulique, fantaisie chromatique

Par Adrien Goetz · L'ŒIL

Le 1 mars 2003 - 261 mots

Un bijou, le dernier livre de Jean-Claude Lebensztejn s’accompagne d’un disque d’extraits musicaux qui ajoutent au texte et aux images d’indispensables illustrations sonores, aussi érudites qu’inattendues. Le célébrissime duo de chats est ici désattribué : Berthold remplace Rossini, un caprice d’Adriano Banchieri de 1608 côtoie un duo de 1719, signé... Léonard de Vinci. On sent à quel point l’auteur de cet essai, professeur d’histoire de l’art à l’université de Paris-I, a été heureux :
tel Félix le Chat, il glisse à pas de félin d’une époque à l’autre, passant de Grandville à Jan Bruegel, des frères Grimm aux contes de Mme d’Aulnoy, des caricatures anglaises de George Cruikshank jusqu’à la nativité de Piero della Francesca, où un âne se mêle au concert des anges. Les chats ont partie liée avec la musique : seuls les écrivains, les peintres, les illustrateurs semblent l’avoir compris et seul un historien de l’art à l’esprit aussi délié que Jean-Claude Lebensztejn pouvait rendre son sens à cette iconographique foisonnante, qui n’avait jusqu’alors retenu l’attention de personne. N’ajoutez pas foi en la dédicace « Für die Katze », qui, en allemand, loin de signifier que l’ouvrage est destiné aux chats, signifie quelque chose comme : « c’est sans importance ». En se jouant, Lebensztejn dit d’importantes choses sur la concordance des arts à l’époque classique, sur la relativité des cultures, sur l’idée d’harmonie qui, depuis la Renaissance, préside aux arts et à la musique – en intégrant très tôt dissonances, miaulements, orgues de chats et autre curiosités charivariques.

Jean-Claude Lebensztejn, Miaulique, fantaisie chromatique, Le Passage, 28 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°545 du 1 mars 2003, avec le titre suivant : Miaulique, fantaisie chromatique

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