Masaccio

Huit ans après la fin de la restauration spectaculaire de la chapelle Brancacci, et les débats déontologiques qui bien sûr l’accompagnèrent, cet ouvrage sur Masaccio relève à la fois du beau livre (pour les pleines pages accordées aux détails), de la monographie et du catalogue raisonné. De nouvelles interprétations sont en effet proposées, de même qu’une mise à jour des éléments traditionnels de la recherche (bibliographie et catalogue). À l’encontre d’une vision socio-psychologique de l’œuvre de Masaccio, les auteurs redéfinissent la spécificité du maître de la première Renaissance à Florence. Pour cela, Franco et Stefano Borsi ont fondé leur réflexion sur l’analyse du milieu culturel du peintre et des pratiques artistiques de l’époque. Mais plus que le rappel des arts contemporains et du poids du gothique au début du Quattrocento, il faut surtout retenir l’étude du rapport des images avec les innovations architecturales. Le lieu commun d’un Masaccio figure de l’humanisme florentin pour son sens de l’espace et son usage de la perspective est dépassé. Les auteurs (le premier est professeur d’histoire de l’architecture à l’université de Florence, le second, son fils, enseigne l’histoire de l’art à Rome, ils ont déjà publié un superbe Uccello à quatre mains chez le même éditeur) montrent comment, en fait, les recherches de Brunelleschi sont transformées avec raffinement par le peintre. Au lieu d’une transcription des tracés de l’architecte, comme il a souvent été noté, la ville de Masaccio « avec ce côté métaphysique, abstrait », est déjà une cité idéale, avant celle de Piero della Francesca.