Les Brèves: Les jardins de Versailles, Symboles du Judaïsme..

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 mai 1995 - 1179 mots

Les jardins de Versailles
Au moment où le Domaine de Versailles vit une nouvelle page de son histoire à travers un changement de son statut juridique, Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques, responsable depuis 1990 de la mise en œuvre d’un programme d’ensemble pour la réhabilitation du parc de Versailles et de Trianon, invite le lecteur à se promener à travers trois siècles d’histoire. Un retour d’autant plus utile que l’objectif du programme est de restaurer l’ensemble au plus près possible des dispositions originelles.

Plus de deux cents reproductions, plans, dessins, peintures, gravures et photographies contemporaines permettent de comprendre les états successifs, voire les dérives, de l’un des plus célèbres jardins ordonnancés au monde.

Les jardins de Versailles, Pierre-André Lablaude, préface de Jean-Pierre Babelon, éditions Scala, 160 p., 200 ill., 240 F jusqu’au 30 juin, 298 F ensuite.


Symboles du Judaïsme
Avec Symboles du Judaïsme, les éditions Assouline inaugurent une nouvelle collection visant à faire comprendre une religion à travers ses symboles rituels et culturels. L’étoile de David, la kippa, le châle de prière, la barbe, les papillotes… le rabbin Marc Alain Ouaknin en explique toutes les significations. Roch Hachana, le jour de l’an, Pessah, Pâques, Yom Kippour, le Grand Pardon scandent l’ouvrage, orné de photographies pleine page.

Symboles du Judaïsme, par Marc Alain Ouaknin, photographies de Laziz Hamani, Éditions Assouline, 128 p., 240 F jusqu’au 30 juin, 300 F ensuite.


Le Collège des Grands
En soixante-quinze photographies noir et blanc, Martine Franck nous fait pénétrer le monde du Collège de France. Si certains portraits sont fidèles à l’image que l’on peut avoir de telles sommités, d’autres surprennent : l’astrophysicien Antoine Labeyrie, sac au dos, grimpé sur un cheval, Yves Coppens posant dans le ventre d’un dinosaure… Jacques Thuillier ne se montre pas, une photographie de ses ouvrages consacrés à Poussin et la Tour fait figure de portrait.

Parfois les chercheurs sont face à une page affichant leur spécialité. Pierre Boulez, solide comme un roc, appuyé contre un mur de béton d’une architecture très géométrique, voisine avec une partition. Le spécialiste de la civilisation japonaise, Bernard Frank, au regard plein de malice et de gentillesse, invite à contempler une calligraphie méditative : “lisez cent fois et le sens apparaîtra de lui-même”.

Collège de France, Figures et travaux, photographies de Martine Franck, préface d’André Miquel, texte d’Yves Laporte. Coédition Imprimerie nationale - Paris Audiovisuel, 156 p., 320 F.


L’art en mémoire
Les éditions Assouline proposent à leur tour une nouvelle collection de livres relativement peu chers (99 F), d’un format modeste (15,5 x 21,5 cm), mais d’une présentation et d’une impression extrêmement soignées. Les éditeurs continuent d’inventer de nouvelles formules pour endiguer le déclin supposé du livre d’art (voir le JdA n° 9, décembre 1994). Outre l’album consacré à Brancusi photographe (lire page 24), trois autres titres sont publiés ce printemps qui témoignent de l’éclectisme des sujets : Le Trésor de Saint-Denis, Le Louvre architecture, et Les Objets de Picasso, commentés par le photographe Edward Quinn.

Mémoire de l’art, Éditions Assouline, chaque volume 80 p., 99 F.


Esthétique de la mélancolie
Dans la collection “L’Art et l’Écrivain”, la romancière Catherine Lépront s’attache à la crise esthétique vécue par Caspar David Friedrich : le choc entre la tradition classique de la vue de la nature et la problématique romantique de la vision intérieure. Sa réflexion se situe entre deux pôles : un paysage qui évacue l’homme, le Moine au bord de la mer (1810) et, à l’inverse, un tableau où l’individu intériorise le paysage, la Grande Réserve (1832). Entre les deux progresse une esthétique de la mélancolie.

Caspar David Friedrich. Des paysages les yeux fermés, Catherine Lépront, Gallimard, 180 p., 68 ill., 280 F jusqu’au 31 août, 350 F ensuite.


Toujours Fauves
Derain, Matisse, Marquet, Vlaminck et d’autres mirent le feu à la peinture au début du siècle. Un feu assez ardent, relayé par les expressionnistes au même moment, pour perturber durablement l’art de peindre. On a publié de nombreux ouvrages sur le Fauvisme, et les récentes expositions consacrées à Matisse et à Derain ont mis à nouveau en lumière la puissance de leurs intuitions. La synthèse de l’histoire du mouvement que propose Bernard Zürcher, qui tient aussi une galerie d’art contemporain, revient sur les influences antérieures et s’attache à souligner les liens étroits qui unirent les peintres à Chatou ou à l’Estaque.

Paru en décembre, l’étude d’Emmanuel Pernoud sur L’Estampe des Fauves met en valeur les ressources du trait et du noir dont ils surent, pour certains d’entre eux, tirer un parti quantitativement moindre, cependant, que leurs pairs d’outre-Rhin.

Bernard Zürcher, Les Fauves, Éditions Hazan, 224 p., 480 F.
Emmanuel Pernoud, L’estampe des Fauves, Éditions Hermann, 128 p., 120 F.


La vie stalinienne
“Du passé faisons table rase”, décrétait autrefois le poète. Les temps ont changé à ce point que l’on ne compte plus les artistes contemporains qui se penchent avec plus ou moins de bonheur sur leur passé ou celui de leurs proches. La nostalgie est une composante essentielle du travail d’Ilya Kabakov (que l’on pourra voir à partir du 17 mai et jusqu’au 4 septembre au Centre Georges Pompidou). Il a donné à ce sentiment-roi de l’âme russe une forme relativement classique, celle de l’album, mais en y introduisant un grand détachement qui lui permet d’éviter de verser dans le simple témoignage.

L’album de ma mère réunit ainsi le texte d’une autobiographie qu’elle écrivit à la demande de son fils, et des documents iconographiques tirés pour la plupart de la presse communiste triomphante de l’époque. Entre l’horreur et la terreur de la vie quotidienne et ces images d’un bonheur sans nuages, entre documentaire et œuvre, Kabakov joue une partie serrée qui défait tout jugement de valeur.

Ilya Kabakov, L’album de ma mère, Éditions Flies France (diffusion Ulysse), 260 p., 350 F.


Plastique de la musique
Percussionniste, Max Neuhaus interpréta dans les années soixante de nombreuses œuvres contemporaines, sous la direction de Pierre Boulez notamment. Mais il abandonna bientôt la carrière à laquelle il était promis pour devenir un artiste d’un genre particulier. Menant de nombreuses expériences scientifiques sur le son dans les laboratoires de la Compagnie du téléphone Bell, il en vint à concevoir des installations sonores publiques, dont la première fut réalisée à Times Square, à New York, en 1973.

C’est dans le monde des arts visuels que Neuhaus trouva paradoxalement les lieux appropriés à ses projets, dont la discrétion n’a d’égale que la précision. Il y rencontra aussi un intérêt et une écoute qui se sont concrétisés à plusieurs reprises dans les musées en Europe et aux États-Unis. Ses travaux, qui font appel à une technologie informatique sophistiquée, ont également eu des applications dans le domaine de la “signalétique” acoustique. À l’occasion de la rétrospective de ses dessins d’installations à Cassel au mois de mars, les éditions Cantz publient en anglais trois volumes qui retracent son parcours singulier. On y trouvera un choix de textes consacrés à ses travaux (dont ceux d’Arthur Danto, de Germano Celant et de Harald Szeemann), et la traduction graphique de ses projets, réalisés ou non.

Collectif, Max Neuhaus - Sound Works, Éditions Cantz, trois volumes, 288 p., 300 F. environ.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°14 du 1 mai 1995, avec le titre suivant : Les Brèves: Les jardins de Versailles, Symboles du Judaïsme..

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