Le roman au Louvre

Un sujet de spécialistes ?

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 1 mars 2006 - 401 mots

La jaquette le proclame fièrement : « l’ambition de cette collection est de montrer la richesse et la diversité des collections du musée du Louvre. » On a envie d’ajouter à la lecture du dernier opus de cette collection sur l’art roman au Louvre : « …et de montrer l’érudition de leurs auteurs. » Car cet ouvrage n’est pas à mettre entre toutes les mains. Il a certes toutes les apparences des beaux livres d’art, couverture cartonnée, mise en page soignée, nombreuses illustrations souvent en pleine page, mais son contenu s’adresse exclusivement aux spécialistes.

Le Roman, une invention récente
Il est d’usage d’attribuer la création du mot Roman à l’archéologue normand Charles Duhérissier de Gerville, qui l’employa en 1818 pour désigner l’art d’une période qui s’étend en Europe occidentale et centrale chrétienne, de la fin du xe au xiie. À l’époque toute la période médiévale était qualifiée de « gothique ». De Gerville justifia sa trouvaille par des caractéristiques antiques qu’il repéra dans cette séquence du Moyen Âge. Puis les historiens de l’art ont affiné les signes distinctifs du roman.
Historiquement, l’art roman, succédant à l’art carolingien, correspond à des modifications importantes de la société européenne. C’est d’abord l’affirmation du Saint Empire romain germanique. C’est aussi la mise en place de la féodalité, l’usage généralisé des langues vernaculaires au détriment du latin, et enfin la rupture des églises grecques et latines.

Les collections du Louvre
Respectueux de la rigueur en histoire de l’art, les auteurs, d’éminents conservateurs du Louvre, décrivent les incertitudes pesant sur la détermination du style roman, en supposant que leurs lecteurs en savent autant qu’eux.
En raison de son approche centrée sur les collections du Louvre, le livre ne traite ni de la peinture, ni des enluminures, ni de l’architecture des églises et de décors des façades si caractéristiques du roman. C’est que le Louvre, comme le reconnaît Jean-René Gaborit est pauvre en peintures. En revanche, les collections et donc l’ouvrage font la part belle aux sculptures de chapiteaux et aux arts précieux que sont les miniatures sur ivoire et les reliquaires, notamment les châsses des émailleurs de Limoges. Un bel ouvrage scientifique en définitive, mais dont l’absence de cartes, de croquis explicatifs ou de dictionnaire de termes techniques n’est pas le moindre des handicaps pour des lecteurs non savants.

L’Art roman au Louvre, sous la dir. de Jean-René Gaborit, coéd. Fayard / Le Louvre, 2006, 240 p., 44 €

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°578 du 1 mars 2006, avec le titre suivant : Le roman au Louvre

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