Le réalisme en perspective

« Réalisme, réalismes : actualités d’un débat esthétique », tel est le thème du cycle de cinq conférences proposé par l’Auditorium du Louvre, du 22 mai au 19 juin, qui se clôturera avec les soirées d’art contemporain « Faces à faces », les vendredis 2 et 9 juin.
Depuis l’Antiquité et la théorie de la mimesis jusqu’aux préoccupations contemporaines dans l’art et la critique, en passant par l’invention de la photographie, la question du réalisme fait débat parmi les artistes, philosophes et écrivains.
L’intervention de Michael Fried (université de Baltimore), le 22 mai, décrira, à travers l’art symptomatique du Caravage (1571-1610), l’invention de l’« absorption », ou souci de l’art occidental d’impliquer le regardeur dans l’œuvre. Un phénomène qui rappelle l’étude de la place du spectateur dans les œuvres d’art minimal, auquel l’historien de l’art consacra un essai, Art and Objecthood (1967). Dans sa conférence du 5 juin, Étienne Jollet (université Paris-X) expliquera comment le rapport à la réalité s’articule à la notion de lieu. Les xenia – fresques romaines en trompe l’œil – intègrent la nature morte dans un espace bâti. Ce lien sera complètement redéfini dans le tableau déplaçable de l’époque moderne, avant de faire retour à l’époque contemporaine dans la pratique de l’installation. Le lundi suivant, l’« hallucination artistique », évoquée par Gustave Flaubert et reprise par l’historien et critique Jean-François Chevrier (École nationale supérieure des beaux-arts de Paris) nous conduira (le 12 juin) vers un ailleurs du réalisme. La tension est grande au XIXe siècle entre l’exigence d’un Courbet et l’aspiration au fantastique et à l’imagination d’un Redon.
Ce débat sera actualisé grâce aux projections dans le cadre des soirées « Face à face » des vidéos des artistes Harun Farocki, cinéaste préoccupé par la manipulation des images, et Jeremy Deller, avec The Battle of Orgreave (2003), une réflexion sur la mémoire collective à travers la reconstitution d’un événement historique.