Numérique

Laurent Onaïnty veut numériser le monde

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 24 mars 2023 - 519 mots

Le directeur de Memorist s’appuie sur son regroupement d’entreprises spécialisées dans la numérisation patrimoniale pour se développer à l’international.

Laurent Onaïnty. © D.R.
Laurent Onaïnty.
© D.R.
Courtesy Memorist

Une pépite française dénommée Memorist, au croisement du patrimoine et des nouvelles technologies, est en train de naître. C’est en tout cas l’ambition de son directeur Laurent Onaïnty. Épaulé par son actionnaire principal, le groupe Mobilitas, il a acquis tout récemment cinq entreprises, chacune spécialiste de la numérisation d’un support particulier : Arkhênum pour les documents anciens comme les parchemins et les cartes, Vectracom pour les films, Art Graphique et Patrimoine pour les monuments… Chaque entreprise dispose d’un savoir-faire reconnu et de références prestigieuses. Ainsi La Reliure du Limousin (*) a-t-elle scanné les collections de la bibliothèque Jagger en Afrique du Sud, ravagée par un incendie, tandis que Vectracom a numérisé le fonds audiovisuel du Koweït. Leur plus-value repose sur leur capacité à restaurer les documents endommagés, avant leur numérisation, comme ce fut le cas avec les cartes de la bibliothèque Jagger.

Le modèle économique de Memorist ne manque pas de souffle. En rassemblant cinq PME dans un groupe commun, Memorist dispose d’une taille suffisante et d’un ensemble de services intégrés capables de remporter des marchés à l’international, comme ce fut le cas avec le Koweït et bientôt pour les manuscrits d’ouvrages liturgiques du XIIe au XVIIe siècle appartenant à des églises en Éthiopie, les archives nationales du Luxembourg ou les 60 000 photos de la Österreichische Nationalbibliothek en Autriche. Autre gain appréciable, la mutualisation des services administratifs assurée par l’actionnaire permet à chaque entreprise et à leurs directeurs de se focaliser sur leur cœur de métier.

Memorist réalise un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros, dont 20 % à l’international ; Laurent Onaïnty pense d’ores et déjà être le leader en France, dans un marché estimé à 30 millions d’euros. Ses concurrents, Iconem, Quillet (2 M€) sont de taille plus modeste. L’enjeu principal pour ce Basque de 45 ans, qui a suivi une formation d’archiviste et d’historien, et qui a fait ses armes chez Arkhênum, est de créer une dynamique commune à ce regroupement d’entités distantes géographiquement les unes des autres : Arkhênum est à Bordeaux, La Reliure du Limousin en Corrèze, TRIBVN Imaging en région parisienne… L’autre enjeu est de conserver la maîtrise des marchés internationaux dans des contrats qui font intervenir de nombreux personnels pour manipuler, restaurer, conserver puis numériser les supports. Memorist fait le plus souvent appel à des ressources locales qu’elle forme à son savoir-faire et à l’utilisation des scanners et autres dispositifs d’acquisition. Si le modèle est vertueux pour les pays ou chantiers d’accueil qui peuvent ainsi envisager d’être autonomes, il n’est pas sans risque. Un risque que balaye Laurent Onaïnty, mettant en exergue la longueur d’avance technologique qu’il compte maintenir grâce à son activité de R&D (Recherche et Développement), tout en affirmant sa fierté de former les personnels locaux.

Erratum - 20 mars 2023

(*) La numérisation des collections de la bibliothèque Jagger a été effectuée par la société Arkhênum. La Reliure du Limousin (les deux entreprises appartiennent à Memorist) a effectué les travaux de restauration des documents de la bibliothèque endommagés par l’incendie.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°607 du 17 mars 2023, avec le titre suivant : Laurent Onaïnty veut numériser le monde

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