L’Art nouveau en ses demeures bruxelloises

Ces immeubles Art nouveau sont des survivants, à juste titre protégés, même si l’ombre des pelleteuses plane toujours au-dessus d’eux. En 1893, Victor Horta entreprend la construction de l’hôtel Tassel. Ses structures métalliques apparentes aux courbes organiques et les cascades de lumière déversées par les verrières cassent les codes. La même année, Paul Hankar bâtit sa maison personnelle dans un Art nouveau plus géométrique. En une quinzaine d’années, plusieurs centaines de constructions de ce style voient le jour dans la capitale belge, combinant les matériaux industriels, fer et fonte, avec le raffinement du traitement artisanal des décors. Beaucoup de ces maisons conçues sur mesure pour leurs commanditaires éclairés issus de la bourgeoisie industrielle développent le concept de « maison portrait ». Selon les sources, on évalue le nombre d’immeubles Art nouveau à Bruxelles entre 1 500 et 2 500, dont 250 sont classés. L’ouvrage propose une visite de 36 de ces biens, dans une sélection subjective qui reprend quelques incontournables et démontre au passage que l’Art nouveau ne se limite pas à Horta et Hankar. On y découvre toute la variété et la diversité d’un style en réinvention permanente qui a permis aux individualités de s’exprimer. On y retrouve des maisons familiales, comme des commerces, des écoles, habitations ouvrières ou salles de spectacle. Les photos d’intérieur de ces constructions, habitées et restaurées, nous montrent comment elles vivent aujourd’hui et s’accommodent de la vie quotidienne du XXIe siècle par la mise en valeur des détails et de l’espace intérieur. Quand ils sont disponibles, des documents d’archive en noir et blanc donnent à voir le bâtiment à l’époque de sa construction. Si cet art n’est aujourd’hui plus « nouveau », il a gagné en beauté intemporelle.