L’Art en ventes publiques : la France perd encore des points

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 470 mots

Nous avions publié en début d’année le tableau des statistiques des ventes publiques d’œuvres d’art à travers le monde pour la saison 1994/1995, établi par l’Art Sales Index à Londres. Celles que nous publions aujourd’hui vont de septembre 1995 à août 1996. Elles montrent que la France, qui faisait moins de 9 % des ventes mondiales en 1994/1995, en fait cette fois à peine 7 % alors que, selon les mêmes sources, les ventes mondiales sont constituées à 29 % d’œuvres d’artistes français.

Ces chiffres ne sont pas définitifs –  quelques résultats n’étaient pas encore entrés à la date de notre bouclage – mais seront peu modifiés, ni exhaustifs : ils reprennent uniquement les ventes de tableaux, d’œuvres sur papier – à l’exclusion des gravures et estampes –, de sculptures et de miniatures (environ 110 000 lots chaque année, vendus par les principaux intervenants du marché international). Ils ne sont pas de ce fait directement comparables avec les statistiques fournies par les commissaires-priseurs français, dont la définition des œuvres d’art est beaucoup plus large. Ils corroborent toutefois les baisses annoncées par ceux-ci tant pour l’année 1995 que pour le premier semestre 1996 (voir page 57), en y ajoutant une mise en perspective internationale inquiétante.

Dans un volume d’affaires en hausse d’environ 7 %, la Grande-Bretagne maintient sa part de marché, et les États-Unis gagnent un point. À eux seuls, ils détiennent 73,24 % du marché, contre 72,53 % l’année précédente. La France est toujours 3e, très loin derrière avec 6,95 %, au terme d’une baisse de 11,92 % qui s’ajoute à celle de 13,46 % l’année précédente. On peut bien parler d’une tendance profonde. Pour la saison phare 1989/1990, l’Art Sales Index enregistrait en France un chiffre d’affaires 7 fois supérieur en francs courants. La baisse est continue depuis cette date.

En Europe, l’écart avec l’Alle­magne – en constante progression sur les deux dernières années – se réduit à guère plus de deux point. L’Italie, de son côté, gagne un demi-point et rejoint la Suisse.

Au niveau de la qualité des lots adjugés, la fuite des œuvres importantes vers les pays anglo-saxons se confirme. Avec un peu moins de 45 % des lots, ceux-ci font 73 % du chiffre d’affaires, et la valeur moyenne des lots adjugés aux États-Unis est 4 fois supérieure à celle des lots vendus en France.

Nous publierons dans notre prochain numéro une analyse plus fine de la situation, segmentant les différentes composantes du marché, pour mieux cerner cette évolution. Mais, dès maintenant, ces quelques chiffres bruts montrent, s’il en était encore besoin, qu’il est particulièrement urgent de ne plus attendre.

Ces tendances ne concernent que les ventes publiques. Il est pratiquement impossible d’avoir une vue statistique fiable des ventes des autres acteurs du marché. Toutefois, les marchands avisés savent déjà, comme certains commissaires-priseurs, traverser l’Atlantique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : L’Art en ventes publiques : la France perd encore des points

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