Lectures croisées

L’art d’être aimé

Par Camille Lechable · L'ŒIL

Le 27 juin 2016 - 343 mots

« L’amour est une sottise faite à deux », disait Napoléon Bonaparte. Les grands hommes ne sont pas exempts de bêtises.

Sur une idée d’Hervé Bentégeat, une nouvelle collection des éditions Rabelais aborde les destins de grands hommes de l’Histoire à travers leurs histoires de cœur : Napoléon Bonaparte (1769-1821), Victor Hugo (1802-1885) et Pablo Picasso (1881-1973).
À commencer donc par l’Empereur [Olivier Miquel, Napoléon amoureux, 144 p., 14,80 €], conquérant dans l’âme qui en vit de toutes les couleurs avec Joséphine, son « alter ego féminin », présente durant toute son ascension, rejointe par ses maîtresses Marie-Louise et Marie Walewska. « Sous ce sentiment dont il se sent prisonnier », on découvre un Napoléon plus sensible qu’on ne l’aurait cru. Il n’en est pas de même pour Victor Hugo [Christine Clerc, Victor Hugo amoureux, 144 p., 14,80 €]. Surnommé « l’ogre » – « Toto » par son premier amour Juliette Drouet –, cet « infatigable
Don Juan » néglige malgré lui son épouse et ses amantes dévouées. Il préfère prendre pour maîtresse
la politique, à travers laquelle il a cependant toujours défendu la cause des femmes. À l’opposé de ces principes féministes, Picasso [Frédéric Ferney, Picasso amoureux, 144 p., 14,80 €] multiplie les conquêtes et les muses, que le peintre Gaston Chaissac compare à des « esclaves ». « Je ne crois pas qu’une femme puisse être heureuse avec lui », disait la mère du peintre espagnol. Pourtant à chaque passion, un nouvel élan de création s’empare de lui : Fernande Olivier et sa période rose, Eva Gouel et le cubisme ou la photographe Dora Maar pour Guernica en 1937.
La mort du « monstre » entraîna tout de même le suicide de deux de ses maîtresses… Ces petits livres colorés, écrits de manière légère mais bien renseignés, redonnent leur place à ces « inspiratrices de l’ombre » et soulignent leur influence sur ces carrières hors normes. Entre tromperies, suicides et réclusion, les célébrités ne sont pas forcément les meilleurs partis
et ces hommes adulés restent tous des « défroqués ».
À découvrir, dans la même collection, le Balzac amoureux, écrivain français mal-aimé par sa mère qui recherche la passion. Et le succès.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°692 du 1 juillet 2016, avec le titre suivant : L’art d’être aimé

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