La relève du cédérom

Baptême du feu pour le DVD-Rom au Milia

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1997 - 817 mots

La grand messe annuelle du multimédia a finalement rassemblé 1 213 sociétés exposantes à Cannes, soit une augmentation de 5 % par rapport à 1996, loin derrière le bond de 67 % enregistré entre 1995 et 1996. Sur fond de restructurations, les 8 268 participants ont accueilli avec enthousiasme les perspectives de développement offertes par le DVD-Rom, successeur désigné du cédérom, alors que les contenus en ligne sont paradoxalement apparus en retrait par rapport aux produits édités.

CANNES - Trois événements étaient susceptibles d’intéresser plus particulièrement les amateurs de beaux-arts présents au Marché international de l’édition et des nouveaux médias 1997 : la conférence de presse de la Réunion des musées nationaux – qui a constitué en quatre ans l’un des premiers catalogues de cédéroms d’art au monde, soit une trentaine de titres –, la présentation des cinq cédéroms "Art et culture" sélectionnés pour la remise des Milia d’or, et une table ronde organisée autour des musées et de l’Internet, thème déjà abordé en 1996… Sans s’arrêter sur le fait que les deux derniers rendez-vous étaient programmés au même moment – virtualité et ubiquité, même combat ? –, "le niveau affligeant de la table ronde", de l’aveu même d’un des participants, a donné raison à ceux qui pensent que les musées sont loin d’avoir accompli leur révolution multimédia. Hormis l’intervention de Jean-François Depelsenaire, venu présenter le site Vidéomuseum (www.videomuseum.fr), les rares auditeurs présents en ont été pour leurs frais, un des intervenants se payant même le luxe d’expliquer longuement pourquoi son musée avait finalement décidé de ne pas ouvrir de site sur le Web… Quant au Milia d’or catégorie Art et Culture, il est allé au cédérom du National Museum of American Art de Wa­shing­ton, rattaché à la Smithsonian Institution. Le jury a été sensible à la dimension pédagogique de ce produit, qui propose en effet toutes les fonctionnalités propres à permettre la découverte en profondeur d’une collection publique : qualité des images, recherche par interrogations multicritères, possibilité de créer son portfolio personnel et d’exporter les textes pour les retravailler ensuite, etc. (site Web du musée : www.nmaa.si.edu).

La famille, l’essentiel du marché
Sous le titre provocateur "Le cédérom culturel est-il mort ?", la RMN entendait couper court aux Cassandre qui laissaient entendre que les mauvais résultats de ses services éditoriaux et commerciaux en 1996 se répercuteraient sur l’activité de son pôle multimédia. Arguant du fait que ce secteur était au contraire bénéficiaire et "qu’il pouvait même éponger des dettes", Laurence Herszberg concédait cependant que les professionnels avaient réalisé "que ‘le roi était nu’ et que l’heure de vérité des comptes avait sonné". Dont acte, puisque la déléguée aux programmes multimédia de la RMN annonçait dans la foulée l’échec du cédérom Sérinde, oasis perdues des routes de la Soie : seulement 1 500 exemplaires vendus à ce jour. Si ces produits pointus "installés sur des niches de marché" sont donc aujourd’hui promis à l’échec commercial, la RMN ne désespère pas de les voir un jour "trouver leur rentabilité". D’ici là, l’institution se limitera à trois axes de développement qui prennent en compte les aspirations du public familial, "l’essentiel du marché".

De 650 Mo à 18 Go
Premier axe, les cédéroms d’art, avant tout "destinés aux curieux", consacrés aux collections permanentes des musées ou accompagnant les grandes expositions de la RMN. Dernière production en date, Angkor, cité royale (lire ci-contre). Ensuite, les cédéroms ludo-culturels, "pour le public qui ne fréquente pas les musées, ceux que le rayon ‘Culture’ rebute". Un titre sur l’Égypte des pharaons est actuellement en préparation. Enfin, les cédéroms de référence, "pour lutter contre la pléthore de programmes aux contenus anecdotiques et approximatifs". À paraître dans cette catégorie, L’art du Moyen Âge et Les Impressionnistes.

Prouvant son intérêt pour les plus récentes avancées technologiques en matière d’interactivité, la RMN a par ailleurs annoncé qu’elle développait, en coproduction avec Montparnasse Multimédia, un DVD-Rom consacré à l’ensemble des départements du Musée du Louvre. La promesse d’une capacité de 6 à 28 fois supérieure au cédérom – soit de 650 Mo à 4 Go dans un premier temps, jusqu’à 18 Go à terme – a en effet élevé le DVD-Rom au rang des principales attractions du Milia 1997. D’après les projections, les ventes de cédéroms devraient plafonner dès cette année et décroître d’ici deux ans, en dépit des problèmes prévisibles liés aux différents standards du DVD-Rom – simple ou double densité, inscriptible ou non… – qui n’iront pas dans le sens d’une amélioration du taux d’équipement informatique des ménages français (1 sur 10).

Le "Best of" RMN
Le Louvre, peintures et palais : plus de 230 000 exemplaires vendus dans le monde, dont 130 000 en France. Orsay, visite virtuelle : 55 000 exemplaires en France, plus les versions étrangères. Coffret Louvre Orsay : 20 000 exemplaires en trois mois de commercialisation. Versailles, complot à la cour du Roi-Soleil<:i> : 50 000 exemplaires en France, plus 15 000 à l’étranger.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : La relève du cédérom

Tous les articles dans Médias

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque