La muséologie : 20 ans de recherche

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 3 septembre 2013 - 563 mots

Pour fêter ses vingt ans, la revue « Culture et Musées » dresse un bilan de la recherche muséologique en France depuis les années 1990.

Si la mission des musées pour rendre les œuvres accessibles au public a été fixée par la loi seulement en 2002, la revue scientifique Publics et Musées s’est intéressée dès 1992 à l’insertion du public dans le champ des musées et du patrimoine. Dix ans plus tard, la revue change de nom pour devenir Culture et Musées, et s’ouvre au patrimoine vivant – cinéma, festivals, patrimoine naturel… – tout en délaissant un peu les problématiques de médiation. Pour marquer les vingt ans de la revue, Hana Gottesdiener et Jean Davallon, fondateurs et directeurs de publication, ont réuni des chercheurs – en sociologie, psychologie, histoire de l’art, sémiologie… – présents depuis la création de cet ouvrage collectif semestriel, pour constituer un hors-série visant à regarder le chemin parcouru dans la recherche muséologique en France depuis les années 1990. « Prendre la mesure des évolutions, des stagnations, de ce vers quoi on se dirige », résume Hanah Gottesdiener, évoquant les sept chapitres de l’ouvrage qui placent, en écho à la vocation première du magazine, le public au centre de ses réflexions, de la médiation écrite à l’éducation au musée.

Une étude approfondie et complète des publics
L’ouvrage brosse un panorama d’études sur le public, analysant des visiteurs hétérogènes dans leur pratique muséale, observant leur parcours, leur regard sur les œuvres et l’espace ; recueillant leurs motivations, leurs connaissances préalables à la visite, leurs émotions et décortiquant leurs structures cognitives. Une connaissance de la réception des lieux par le public autour de laquelle la médiation va pouvoir s’élaborer. « Somme toute, l’histoire du visiteur d’exposition est un peu l’histoire de ce qu’on attend de lui et celle des moyens mis en œuvre pour qu’il s’y conforme », écrivait Bernard Schiele en 1992 dans L’invention simultanée du visiteur et de l’exposition (Publics et Musées n° 2). On assiste aujourd’hui plutôt à une négociation entre ce qu’attend le visiteur du musée et ce que le musée attend du visiteur dans une logique de participation de plus en plus accrue du public. Le visiteur usager s’est peu à peu transformé en visiteur acteur qui a de plus en plus vocation à devenir force de propositions dans la vie d’un musée. La sauvegarde d’un patrimoine souvent redécouvert lorsqu’il est menacé de disparition, mobilise également de plus en plus le public. Cette patrimonialisation qui se démocratise témoigne d’une sensation de rupture, de non-continuité avec le passé proche duquel il faudrait garder trace. Elle est appelée a se développer en tant que sujet d’étude au cours des années à venir. Très dense, ce hors-série qui mêle exhaustivité des références et synthèse du propos, peut souffrir d’un manque de contextualisation pour les non-lecteurs de la revue. Il invite donc à revenir à la source : aux précédents articles de la revue, sur lesquels le texte s’appuie et qui bénéficient de terrains d’enquêtes plus circonscrits. Disponibles sur abonnement et dans les libraires spécialisées, ils sont également consultables en ligne – à l’exception des numéros des cinq dernières années – sur la base Persée, portail de revues scientifiques en sciences humaines et sociales.

La muséologie : 20 ans de recherche. Numéro hors-série pour les 20 ans de la revue « Culture et Musées », ACTES SUD, 2013, 226 pages, 20,80 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°396 du 6 septembre 2013, avec le titre suivant : La muséologie : 20 ans de recherche

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