La mue des découvertes Gallimard

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 28 juin 2018 - 435 mots

C’est ce qu’il est convenu d’appeler un « classique ». En quelques années à peine, la collection « Découvertes » Gallimard a vendu, rien qu’en France, pas moins de douze millions d’exemplaires.
Car cette série sans équivalent a également rencontré un large succès à travers le monde, notamment au Japon. En 1986, Pierre Marchand, le fondateur de Gallimard jeunesse, invente un concept inédit : une encyclopédie de poche, copieusement illustrée en couleur et à un prix accessible, embrassant des domaines extrêmement variés allant des beaux-arts aux sciences en passant par l’histoire et la littérature. Chaque titre se compose de manière similaire : d’abord une monographie condensant une mine d’informations, écrite par un éminent spécialiste, puis un précieux cahier documentaire. Ces volumes, comprenant au minimum deux cents illustrations, instaurent une nouvelle façon de vulgariser le savoir en exploitant le potentiel des images. La maquette repose en effet sur un rapport texte-image nouveau, offrant plusieurs niveaux de lecture. Bien que la gamme couvre un large panel, c’est dans les domaines culturels et artistiques qu’elle réalise ses meilleurs scores. À ce jour, le best-seller est ainsi L’Écriture, mémoire des hommes de Georges Jean (207 000 exemplaires), tandis que la troisième place du podium revient au Van Gogh de Pascal Bonafoux (138 000), qui fait l’objet de fréquentes réimpressions. Sur les six cent deux titres existants, une centaine forme en effet un fonds réédité régulièrement au fil des ruptures, pour les indémodables, ou pour des occasions spécifiques. Les commémorations nationales et les grandes expositions conduisent ainsi souvent à des rééditions, à l’instar de Delacroix, Malevitch et Miró cette année. Le catalogue, en revanche, a cessé de s’étoffer depuis 2012. La maison d’édition ayant décidé de ne plus proposer de nouveauté, mais de développer des formats nettement plus légers et à la maquette plus attrayante, dans l’air du temps. « La collection ne répondait plus aux attentes des lecteurs », résume Line Karoubi, présidente de Gallimard loisirs. « Depuis le début des années 2000, les encyclopédies connaissent un déclin irréversible, car les lecteurs vont davantage chercher des informations sur Internet ou dans des magazines spécialisés. » « Découvertes » a ainsi engendré quelques « Hors-série », des ouvrages au contenu écrémé mais proposant des reproductions ludiques à déplier, publiés à l’occasion d’expositions temporaires. Cette formule a été repensée pour lancer ce printemps « Carnet d’expo », à l’instar du Tintoret, naissance d’un génie, de Guillaume Cassegrain [Gallimard/RMN-Grand Palais, 64 p., 9,20 €]. Cette nouvelle série, qui comprend pour l’heure trois titres, mise sur son nouveau graphisme, notamment une jolie typographie et une couverture arrondie, pour se positionner comme un livre objet.

Christine Fauré,
Mai 68, Jour et nuit,
Gallimard, Découvertes, 144 p., 15,70 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : La mue des découvertes Gallimard

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