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La fabrique de l’histoire de l’art

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 24 novembre 2020 - 347 mots

De la même manière que le XIXe siècle fut le siècle de la critique d’art, le XXe siècle demeurera celui des revues.

M. Gherghescu, L. Gueye-Parmentier, S. Rivoire et D. Schulmann, La Fabrique de l’histoire de l’art, 200 revues 1903-1969, Textuel
M. Gherghescu, L. Gueye-Parmentier, S. Rivoire et D. Schulmann, La Fabrique de l’histoire de l’art, 200 revues 1903-1969
© Textuel

Secession, Der Sturm,L’Esprit nouveau, 391, De Stijl, La Révolution surréaliste, Verve– parfois considérée comme la plus belle revue du monde –, Cercle et Carré, Minotaure, pour les plus connues : toutes furent le lieu des débats esthétiques, des polémiques, des manifestes, des ruptures, de la circulation des idées, bref de la création en mouvement. Et toutes ont marqué leur époque. À partir des fonds de la Bibliothèque Kandinsky et du Centre Pompidou, à Paris, La Fabrique de l’histoire de l’artétablit un catalogue chronologique de deux cents revues artistiques et littéraires choisies entre 1903 (Das Andere, créée par Adolf Loos) et 1969 (Art-Language, la revue du collectif du même nom). Sur une ou plusieurs pages, chaque titre, dont L’Œil fondé en 1955, est présenté sous la forme d’une fiche type reproduisant une ou plusieurs couvertures de ladite revue (400 au total), et indiquant le nom de son directeur, sa période de parution, son nombre de numéros, son format, son lieu d’édition ainsi qu’une courte notice de présentation. Cet ouvrage étonnant, car hors catégorie, peut s’appréhender de différentes manières : par le feuilletage, d’abord, survolant ainsi plus d’un demi-siècle de création. Certaines revues furent de véritables œuvres d’art, à l’instar du premier numéro de Gutaï (1955-1965), dont la couverture fut créée par le fondateur du mouvement éponyme Jiro Yoshihara ; d’autres ont définitivement marqué l’histoire du graphisme, à l’instar de Lef, la revue soviétique fondée en 1923 par Maïakovski. Par la lecture, sinon : le catalogue est en effet rythmé par une quinzaine d’essais portant sur les revues constructivistes (instruments collectifs idéaux « au service d’un monde nouveau des objets et de l’exaltation de formes de la vie moderne »), sur les revues dada (une cinquantaine de titres !) comme sur les publications de la scène Fluxus des années 1960. « Les revues sont les pellicules sensibles qui enregistrent la dynamique transnationale des phénomènes culturels et des moments artistiques », prévient l’introduction du livre. Diable que cette dynamique est passionnante !

M. Gherghescu, L. Gueye-Parmentier, S. Rivoire et D. Schulmann,
La Fabrique de l’histoire de l’art, 200 revues 1903-1969, Textuel, 480 p., 59 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°739 du 1 décembre 2020, avec le titre suivant : La fabrique de l’histoire de l’art

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