José Alvarez, Histoires de l’Art déco

Il était une fois les histoires de l'art déco

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 16 novembre 2010 - 389 mots

Essai illustré. Histoires, au pluriel, de l’Art déco. Dès le titre de son livre, l’auteur et éditeur José Alvarez [lire L’œil n° 623] prévient son lecteur : il ne va pas lui raconter une épopée unique de l’art décoratif, inscrite dans le marbre linéaire et chronologique des manuels d’histoire, mais plusieurs histoires d’un style multiple dans son expression (bijoux, mobilier, architecture, mode…) comme dans ses représentants – comment unir, en effet, Ruhlmann, Goulden, Charreau, Dunand, Iribe ou Le Corbusier ?

José Alvarez s’en explique d’ailleurs dès la première ligne de son introduction : « Ni mouvement ni courant artistique, l’Art déco est un état d’esprit, l’expression d’une volonté momentanée de définir le style d’une époque qui marque la France des années 1920. » C’est pourquoi, tout esprit étant par définition insaisissable, les spécialistes peinent à baliser l’Art déco dans le temps. Si certains le font aller jusqu’à l’exposition internationale de 1937, d’autres, comme Félix Marcilhac, auprès duquel se range José Alvarez, le font s’arrêter très tôt, en 1929, à la fondation de l’UAM, tout en ne le faisant débuter qu’en 1919.
Dix ans donc, c’est peu pour saisir un style et une vision d’un monde dont on trouve aujourd’hui encore des manifestations, mais aussi pour comprendre le décalage qui a existé entre l’expression de ce style et sa redécouverte ­ – pour ne pas dire sa compréhension – cinquante ans plus tard, dans les années 1970, par une poignée d’antiquaires passionnés.
Écrit dans une langue agréable et cultivée, qui pèche parfois par excès de gourmandise, Histoires de l’Art déco esquisse cette complexité et cette richesse en les inscrivant dans la continuité des avant-gardes artistiques, cubisme et futurisme, de l’époque. Un chapitre est également consacré à Doucet, amateur de mobiliers et de reliures Art déco, dont la dispersion de la collection, le 8 novembre 1972, a en partie lancé l’intérêt porté à ce mouvement. Un autre dresse le portrait des antiquaires « inventeurs » dans les années 1970, parmi lesquels Bob et Cheska Vallois envers qui Alvarez peine à dissimuler son affection. Un autre encore, sous la plume de Laurent Noël, analyse les évolutions économiques du style tant, il est vrai, que l’histoire du marché fait partie de l’histoire, pardon, des histoires, de l’Art déco.

José Alvarez, Histoires de l’Art déco,
Éditions du Regard, 450 p., 250 ill., 48 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°630 du 1 décembre 2010, avec le titre suivant : José Alvarez, <em>Histoires de l’Art déco</em>

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